NISA D'OR 2022, le réalisateur ivoirien Hyacinthe Hounsou se dévoile dans une interview
Yanick KOUAME
Yanick KOUAME
-Rédacteur
Passionné de musique et de cinéma (africain et américain en général), je prends plaisir à décortiquer les films & séries qui ont une marque originale.

Au soir de la cérémonie de la NISA, il est sacré meilleur producteur et son film Djagassa remporte le prix NISA d'OR. Hyacinthe Hounsou, l'homme fort de PRODIM a accepté de nous accorder une interview exclusive

NISA Officiel

Quelques semaines après la soirée qui l’a propulsé au sommet du septième art ivoirien, nous avons rencontré Hyacinthe Hounsou, qui a répondu à nos questions.

Qui est Hyacinthe HOUNSOU ?

Hyacinthe HOUNSOU est un producteur - réalisateur ivoirien, grand rêveur.

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Hyacinthe Hounsou - NISA D'OR 2022

Grand rêveur, c'est à dire ?

Qui parle de cinéma, parle de créativité ; qui parle de créativité parle de tout ce qui n'est pas rationnel. Et on est tout le temps en train de chercher à faire plaisir à nos cinéphiles, à créer. On est tout le temps dans les délires, tout le temps en train de rêver pour faire plaisir. Le plus important au cinéma, c'est de divertir. Et comment divertir en respectant certains codes établis dans le milieu? ça demande de se surpasser, ça nécessite de beaucoup rêver.

Pourrait-on en déduire que H.H préfère un genre particulier au cinéma ? (À l'exemple de Djagassa qui est dans la catégorie fiction ?)

Bien sûr ! Djagassa est beaucoup plus le genre aventure, c'est une ode à la vie, une histoire authentique, réelle. Mais le genre que je préfère, c'est plutôt le drame vraiment poussé, c'est l'action. Je préfère beaucoup plus les films d'auteur, qui font plus appel à la recherche (depuis la scénarisation, la création technique et artistique), c'est ma préférence.

Qu'est ce qui a été le plus difficile dans la réalisation de Djagassa ?

Le décor. Magnifique, jamais vu sous nos cieux un tel décor ! C'est un élément essentiel.

Dans une production, ce n'est pas seulement les jeux des acteurs qui comptent, ce n'est pas la qualité du réalisateur qui compte. L'esthétique dans tout son ensemble est important. Quand on a un décor comme celui dans Djagassa, tout de suite, on a envie de dire '' wow''!

C'est un décor naturel, beau mais qui renferme des problèmes qui sont à vomir. Parce qu'il s'agit de l'orpaillage clandestin. Avoir ce décor, c'était quasi impossible. C'était donc la première difficulté : avoir un décor réel et pas recréé. La plupart des décors de certains grands films, même aux US, sont fabriqués, mais aller dans un décor de mine clandestine avec des orpailleurs clandestins, c'était dangereux. Aller s'installer et faire un tournage dans ces milieux, c'était risqué. Pour avoir l'autorisation déjà, c'était difficile. Mais grâce à Dieu, après plusieurs négociations, on a pu y arriver.

IFCI
Djagassa

D'accord. Et quand à la fin de tout ça, vous recevez le prix CPACI du meilleur producteur et que Djagassa est couronné NISA D'OR, quel sentiment vous anime ?

Un sentiment de modestie. C'est un prix qui m'a été attribué, c'est bien, c'est encourageant. Meilleur producteur, NISA D'OR, ce sont des signaux qui montrent qu'on est sur la bonne voie, mais il y a des gens qui travaillent et font de belles choses sans pour autant être sur le podium final. Je connais des aînés qui sont dans la production depuis des décennies qui ne sont peut-être pas en vogue en ce moment, mais c'est eux les vrais producteurs. Recevoir un prix, c'est bien, mais ça appelle à plus d'humilité car il y a certains qui sont là et font beaucoup de belles choses. C'est juste réconfortant.

Alors qu'est-ce qui fait votre joie, vous, en tant que producteur réalisateur ?

C'est le sentiment du travail bien accompli. Quand tu fais quelque chose et qu'au départ personne ne croit en ton délire ; tu as des difficultés pour trouver les moyens, le financement, mais tes équipes y croient et un beau jour, tu vois que c'est prêt, le projet est dans la boîte, c'est déjà une grande satisfaction. Et quand ce travail reçoit des récompenses, alors on se dit, c'est que le travail a été vraiment bien fait. Parce qu'on doute, on est tout le temps en train de remettre en cause les projets, moi personnellement, c'est ainsi que je suis. De l'écriture jusqu'à la livraison, je me dis qu'on aurait pu faire mieux.

Djagassa a aussi reçu le prix de la meilleure révélation, comment se fait le recrutement des acteurs ?

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Yohan BADO

Par les castings. Tout n'est pas ouvert, il y a souvent des castings ciblés. Ce jeune m'était personnellement inconnu. On n’avait pas son profil. On avait tous les acteurs sauf lui. Et c'est ma directrice de production qui me l'a proposé. Il n'a jamais fait de cinéma. Et dès que je l'ai vu, j'ai compris que c'est celui qu'il me faut. Ça se sent tout de suite. Dans notre milieu, on se fie beaucoup à l'instinct. Car il faut avoir l'esprit d'adaptation. Le mot magique, c'est : d'un claquement de doigts. Il fallait travailler avec lui et en plus, il était élève en terminale, on a négocié avec ses parents qui n'étaient pas d'accord et l'école, on lui a fait faire des cours de renforcement et tout. Puis à la fin, il a été admis au BAC.

Quel est votre sentiment par rapport au cinéma local ? Êtes-vous optimiste ?

Optimiste, oui je le suis. Je n'aime pas commenter le niveau du cinéma africain ou ivoirien, je considère que ce n'est pas mon travail. Mais je reste optimiste. Et si vous voulez un avis, je dirais plutôt qu'on est sur une courbe ascendante. On n'est plus à l'âge d'or qu'avait connu le cinéma ivoirien, mais on reprend progressivement. Je suis sûr que nous autres allons contribuer à améliorer tout ça.

Nous y croyons aussi. Nous sommes à la fin de cet échange, un dernier mot ?

Je bénis le nom de Dieu qui est le premier réalisateur. Il a créé et réalisé toute chose, en étant le premier ingénieur de son et scénariste. Nous accomplissons donc ce qu'il a déjà fait.

Doit-on comprendre que votre source d'inspiration, c'est Dieu ?

Oui, c'est Dieu ma source d'inspiration.

Merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. C'était un plaisir de vous rencontrer.

Merci beaucoup, je suis très content de la présence d'Allociné en Côte d'Ivoire. Merci pour ce que vous faites.

Tout savoir sur Djagassa, sacré NISA D'OR

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