Etait au programme du ciné-club Fadika Kramo-Lanciné de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC), le 20 janvier 2023, ‘’L’œil du cyclone’’. Le film réalisé par le burkinabè Sékou Traoré et sorti en 2015 est une co-production entre Les Films D'Avalon, Abyssia Productions (Burkina Faso) et Vinavy (Cameroun).
Bruits de bottes de soldats, armes aux points, dans un couloir. Des menottes passées autour de mains. Un homme sur un lit d’hôpital, délicatement ceinturé et comme un paquet, transporté au son de sirènes dans … une prison et logé au quartier de haute sécurité où sont détenus les plus dangereux.
Même en prison, il est dangereux pour les visiteurs et les gardes pénitenciers de passer de longs moments dans ce quartier qui craint. Au risque de l’approcher, le rebelle (Fargass Assandé), lui, « peut tuer avec deux doigts ».
Il pèse sur cet homme, plutôt craint, surnommé « Le rebelle » qui grogne et qui bave, des charges très lourdes : coups et blessures volontaires, détention illégale d’armes de guerre, résistance à l’autorité publique, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en vue d’actes terroristes, complicité d’assassinat et meurtre au premier degré sur 65 personnes…
Le gouvernement n’a qu’un désir, l’assigner en justice et un avocat – Emma Tou jouée par Maïmouna N'Diaye – est désigné par le bâtonnier pour le défendre. Une affaire politique (soit-elle le procès du siècle) dans laquelle refuse de tremper l’avocate. Mais, l’avocate finira par « remuer la mer ».
Dans l’affaire qui mérite éclairciment, l’instruction est scandaleuse. L’enjeu, politique. Le procès semble joué d’avance. Si en finalité Emma décide de défendre celui qui est Blackshouam (Fargass Assandé), « c’est pour qu’il y ait un vrai procès et le pays ne (vous) lynche pas pour qu’il y ait du spectacle ».
Après un grand succès en salle depuis sa sortie en 2015, ‘’L’œil du cyclone’’ aura remporté 37 prix à travers le monde. A commencer par le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 2015 où le film a remporté l’Etalon de Bronze et raflé, à lui seul, 7 prix au total. De festival en festival, les performances des acteurs Maïmouna N’diaye (Burkina Faso) et Fargass Assandé (Côte d’Ivoire) sont récompensés. A y voir les nominations à travers le monde et dans différentes catégories ‘’L’œil du cyclone’’ qui demeure une fable sur l’Afrique d’aujourd’hui, est tout simplement une production réussie.
Mais, ‘’L’œil du cyclone’’, le film, est à l’origine une pièce de théâtre écrite par Luis Marquès et Vagba Ogou (co-auteur) et qui a été adaptée au cinéma. Rien à voir avec du théâtre filmé. Sur le tournage, Luis Marquès en sera le directeur artistique.
Invité à la projection ciné-club de l’Insaac à Abidjan, Marquès fait le distinguo entre ce qu’est ‘’L’œil du cyclone’’ sur les planches et au cinéma. Sur le grand écran, le réalisateur a voulu par son scénario changer le point de vue : celui habituel du prisonnier enfermé qui attend ses visites. C’est alors qu’il suit (dans le film) le personnage de l’avocate Emma Tou dans l’univers carcéral. Un regard bien différent de ce qu’est à l’origine la pièce de théâtre.
Tout compte fait, du regard du spectateur, c’est « une écriture qui (nous) traverse », a apprécié l’actrice Sandra Luce qui a salué « un gros travail de réalisation ».
Tombée sur le charme de ‘’L’œil du cyclone’’ qui pour elle, reste « une vraie référence », Sandra Luce admet que « c’est un film panafricain avec une vraie morale, un jeu d’acteur incroyable ». Pour ceux ou celles qui ne l’ont pas encore au cinéma, l’actrice Sandra Luce recommande de le voir « absolument ». « Je recommande ce film parce que c’est un chef-d’œuvre », souligne-t-elle.
Le ciné-club de l’Insaac est institué par l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC), en partenariat avec l’Institut Français d’Abidjan.
SYNOPSIS
Adapté de la pièce éponyme de Luis Marquès. Dans un pays d’Afrique en proie à la guerre civile, une jeune avocate se voit proposer de défendre un dangereux rebelle accusé de crimes de guerre. Alors que son instinct la pousse à refuser, elle va tout tenter pour le sauver au nom d’un idéal de justice, quitte à mettre en danger sa carrière et sa vie. Mais peut-on réellement sauver un ex enfant-soldat ?
Fiction / Drame / 102 min.
Réalisateur : Sékou Traoré
Scénario : Luis Marquès, Christophe Lemoine
Produit par Axel Guyot, Sékou Traoré, Philippe Braunstein
Distribution : Maïmouna N'Diaye (Emma Tou) ; Fargass Assandé (Blackshouam) ; Abidine Dioari (Solo) ; Issaka Sawouadogo (Roc) ; Jacob Sou (Le Bâtonnier) ; Serge Henry (Père Tou) ; Fatou Traoré (La sœur d'Emma)