SAFI FAYE : Hommage à une pionnière du 7è art, disparue à 80 ans
Seydou KONE
Seydou KONE
-Abidjan
Journaliste de Culture - Freelance, Consultant Media (Côte d'Ivoire)

Dans le monde du cinéma, la Sénégalaise SAFI FAYE est une figure emblématique du 7è art, en Afrique. Elle a tiré sa révérence dans sa quatre-vingtième année, dans la nuit du mercredi 22 février 2023 à Paris (France) où elle résidait.

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Safi Faye. Ce n’est pas un nom qui est coutumier de l’abécédaire de la jeunesse d’aujourd’hui. Mais, dans le monde du cinéma, la Sénégalaise est une figure emblématique du 7è art. Elle a tiré sa révérence dans sa quatre-vingtième année, dans la nuit du mercredi 22 février 2023 à Paris (France) où elle résidait.

Née à Dakar, au Sénégal en 1943, c’est dans son village natal, Fadial (ou Fad'jal) situé dans la région de Fatick – frontalière de la Gambie, qu’elle sera inhumée.

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A l’annonce de son décès, les témoignages se résument en une phrase : Le monde du cinéma a perdu une pionnière. Pionnière, Safi Faye en était une avec la journaliste et réalisatrice camerounaise Thérèse Sita-Bella qui réalise, en 1963, le documentaire « Tam-Tam à Paris », long de 30 minutes sur les danses traditionnelles. Les deux ont en commun les médias, le cinéma, l’engagement pour le féminisme. Dans sa filmographie, Safi Faye abordera la question du travail et la condition des femmes travers les documentaires Selbé (1982) et Tesito, en 1989.

Quant à Safi Faye, l’institutrice diplômée de l'école normale de Rufisque (Sénégal), c’est en 1969 qu’elle côtoie les plateaux de tournages suite à sa rencontre au Festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966 avec le réalisateur français Jean Rouch (1917-2004), qui lui fera jouer le rôle d’une courtisane sénégalaise dans son long-métrage « Petit à Petit » produit en 1969, long de 1 heure 36 minutes. Le film, indique le synopsis, raconte les aventures drôles et singulières de Damouré et Lam, deux hommes d'affaires de l'Afrique moderne, à la recherche de leur modèle.

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Plus tard, Safi Faye part à Paris faire des études d'ethnologie à l'EHESS - École des hautes études en sciences sociales où en sort diplômée d’ethnologie. De 1972 à 1974, Safi étudie le cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière (Saint-Denis, en France).

Son premier court-métrage intitulé ‘’La passante’’, elle le réalise en 1972. Suivront de nombreux moyens et longs métrages dont Kaddu Beykat – Lettre paysanne (1975), un documentaire sur les difficultés économiques au Sénégal qui reçoit la même année le Prix George Sadoul (Prix cinématographique français qui récompense un premier ou un second film).

Lettre paysanne, «sans doute la synthèse la plus aboutie du documentaire et de la fiction dans le cinéma africain », selon le Festival des Cinémas d’Afrique du pays d’Apt (FCAPA).

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En 1976, elle soutient à l'EPHE (École pratique des hautes études) un mémoire sur la religion des Sérères au Sénégal, dont elle fait partie. De ce retour au village, elle réalisera en 1979 le documentaire (16 mm couleur) du nom de son village Fad’Jal (108 mn). Une chronique dudit village situé dans le bassin arachidier du Sénégal marquée des témoignages de villageois sur la difficulté à cultiver la terre et à se nourrir du produit de la terre. Le film demeure d’actualité.

Entre 1979 et 1982, la réalisatrice travaille pour la télévision (programme internationaux).

« Mossane », son premier long-métrage de fiction réalisé en 1996 et qui raconte « l’histoire d'une adolescente qui refuse le mariage arrangé par ses parents », en sera la dernière réalisation. La même année, Mossane de Safi Faye a été sélectionné au Festival de Cannes (Un certain regard).

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Au lendemain de son décès – 48 heures avant la 28è édition du Fespaco à Ouagadougou (Burkina Faso) – son collaborateur et ancien distributeur en Afrique de l'Ouest, Johnny Spencer Diop, se confiant à l'Agence Presse Sénégalaise (APS), le 23 février 2023, a indiqué que « depuis un certain moment », « notre grande sœur était malade et était hospitalisée en France ». Pour lui, Safi Faye « fait partie des femmes cinéastes qui ont balisé la voie pour les plus jeunes ».

Dans son communiqué en date du 28 février, la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF) lui a rendu un hommage : « La cinéaste a inspiré de nombreuses femmes à passer derrière la caméra. Nous lui devons beaucoup ».

Bien entendu, la réalisatrice disparue a ouvert la voie aux réalisatrices Rose Elise Mengue-bekale (Gabon), Yangba Léonie de la Centrafrique, Aminata Ouedraogo du Burkina Faso …

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Filmographie :

1972 : La passante, court-métrage

1975 : Kaddu Beykat (Lettre paysanne), long-métrage

1979 : Fad’jal (Arrive Travaille), long-métrage

1979 : Goob Na Nu (La récolte est finie)

1979 : Man Sa Yay (Moi, ta mère)

1981 : Les âmes au soleil (Souls in the sun)

1982 : Selbé et tant d’autres

1984 : Ambassades nourricières ((pour Antenne 2 et l’INA, en France)

1989 : Tesito

1996 : Mossane

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