« Suis-je le gardien de mon frère ? », se demandait il y a encore quelques années de cela Sefyu. Une époque où Armand Okou « Kaaris » Gnakouri n’était pas encore ce rappeur qui enchaîne les seconds rôles au cinéma ; le plus souvent dans la peau d’un dur-à-cuire à feu intense (Braqueurs, Bronx, etc.) . Exactement le rôle qu’il tient dans Le Roi des Ombres où il déteste copieusement son petit frère aveugle.
LA HAINE REND AVEUGLE
Devenu aveugle à la suite d’un accident de circulation, Adama (Alassane Diong, vu notamment dans l’émouvant Tirailleurs) a développé un sens aiguë de l’écoute et de l’affection.
De Malik (Carl Malapa, Les Olympiades), son naïf de meilleur ami à Agna (Tatiana Rojo, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?) sa belle-mère, autrefois 1ère épouse, en passant par son père Ousmane (Issaka Sawadogo, Samba), le jeune homme au crâne chauve aime tout le monde. Sauf Ibrahim (Kaaris) qui le déteste bien cordialement.
Alors, le jour où le père meurt, la relation entre le dealer et le fils « bien sous tous rapports » s’envenime dangereusement.
KAARIS, CHEF DE FILE
Bien qu’il n’ait que le second rôle masculin, Kaaris capte naturellement la moitié de l’attention du téléspectateur qui essaye de ne pas s’endormir pendant la durée des 89 minutes que dure le film.
Ses coups de gueule servent autant à faire peur à son petit frère (et à tout ce qui l’empêche de mener à bien son business lucratif) qu'à tenir faussement en haleine le cinéphile.
Mention spéciale aussi à Issaka Sawadogo, toujours prêt à incarner correctement, le « vieux père », la figure paternelle.
Et aussi à Aïssata interprétée par Assa Sylla, qui suit son petit bout de chemin depuis Bande de filles.
Tous ces acteurs peinent malheureusement à mettre en lumière Le Roi des Ombres.
« LE ROI DES OMBRES », FILM À NE PAS VOIR
Plus les années passent, plus Kaaris, rappeur ivoirien faut-il repréciser, délaisse les scènes de concert pour les salles obscures.
Sauf qu’il est trop souvent cantonné dans les mêmes rôles et qu’il est difficile de mesurer, évaluer ainsi l’étendue de son talent. Idem, ici.
Le Roi des Ombres n’a d’intérêt que si on veut regarder une nouveauté Made In Netflix. Ni plus, ni moins. C’est le seul et unique intérêt d’un long-métrage qui mêle famille, honneur, très mal placé quand Ibrahim interdit à sa sœur de fréquenter Malik, mais aussi exotérisme quand une divinité sortie de l’ombre redonne la vue à Adama.
Au moins après l’avoir regardé, vous saurez comment Kaaris aurait répondu si à l’époque, on lui avait demandé de répondre à : « Suis-je le gardien de mon frère ? »