« Les goûts et les couleurs ne se discutent pas ! » dit-on. Sauf pour Dre (Dominique Fishback, vu notamment dans Judas and The Black Messiah) qui blackboule/refuse/rejette l’idée selon laquelle Ni’Jah ne serait pas la plus grande artiste de son époque, qui est aussi la nôtre finalement. Gros plan sur Swarm, la série qui pointe du doigt ces fans qui dérapent.
BEATS BY DRE
Jeune noire à la dégaine nonchalante et louche, Dre ne vit et respire que pour cette Ni’Jah qu’elle espère approcher le plus près possible. Fil conducteur de cette mini-série à 7 épisodes. Et personne ne peut, ne doit se mettre en travers de son route semée d’embûches, depuis qu’elle a été adoptée et prise en grippe à l’école.
Après le décès de sa very best friend Marissa (la chanteuse Chloe Bailey), l’ex-vendeuse, et ex-stripteaseuse, dans un centre commercial se reconvertit en serial killer. Et croise sur sa route des personnes qui ont le malheur de l’empêcher de rencontrer sa star.
QU’ON DONNE UN EMMY À DOMINIQUE FISHBACK !
Dominique Fishback a réussi l’incroyable performance d’être plus malaisante que le mot lui-même, qu’un lourd dragueur qui ne sait s’arrêter, etc. Son énorme performance dans la peau de cette jeune femme déconnectée de la réalité à force d’être hyper-connectée vaut à elle seule un Emmy Award. C’est peut-être un peu tôt mais qu’à cela ne tienne son nom peut déjà dans la discussion.
Aux côtés de guest stars tels que Damson Idris, Monsieur Snowfall, qui joue ici Khalid, petit copain égoïste, mais aussi Paris Jackson, fille de, qui interprète Hailey ici ou encore Billie Eilish qui fait ainsi ses grands débuts au cinéma dans la peau d’Eva, gourou de pacotille, la jeune trentenaire – qui a récémment fêté ses 32 ans – éclabousse la série de tout son talent.
SWARM, ESSAIM D’ABEILLES TUEUSES
Réalisée par Donald Glover, à qui on doit entre autres Atlanta, autre série contemporaine inclassable, et Janine Nabers, qui a notamment réalisé des épisodes de Watchmen, Swarm, qui pourrait être traduit par « essaim » en français, est un OVNI, un objet visuel non identifié et ne se résume absolument pas à la fameuse scène de sexe commentée/disséquée/partagée sur les réseaux sociaux. Toujours eux.
À mi-chemin entre le film d’horreur et le thriller, le show pointe du doigt, avec la « Glover touch », et ces improbables titres comme celui de l’épisode 4, spoiler: Dre se fait des amies caucasiennes (à la peau blanche), les dérives de fans de superstars en général et Beyoncé en particulier, les tares de la société du spectacle.
Des fans, premiers concernés aux stars en passant par les harceleurs, tout le monde en prend pour son grade. Et qu’importe si au milieu de tout ça, Dre abandonne ses stripteaseuses de collègues après un road trip inattendu, descend pêle-mêle : un hater de Ni’Jah, son amour, qui paradoxalement déteste Ni’Jah, un revendeur de tickets, dont le fait d’avoir baissé sa garde lui aura coûté la vie, etc.
Dans sa capacité à égratigner la BeyHive, supporters inconditionnels de Beyoncé « Queen Bee » Knowles-Carter, avec cet ingénieux contrepied assumé spoiler: « Ceci n’est pas une fiction. Toute similarité avec des personnes existantes, vivantes ou mortes, ou avec des évènements réels, est intentionnelle » dès le début de chaque épisode, Swarm se transforme lentement mais sûrement en sujet de société. Et ces gens qui ne vivent que pour les caméras.
Dommage que les personnages secondaires ne soient pas plus profonds, de manière à ce qu’il y ait encore plus de points de vue. Mais bon : « Les goûts et les couleurs ne discutent pas ! »