« Tu es en télétravail, aujourd’hui ? C’est ça ? », demande-t-on à ce collègue qu’on n’a pas encore vu à la machine à café pour refaire le match et/ou le monde. Normal, il est en télétravail. Pratique en vogue depuis que le COVID-19 a plongé le monde dans une ère post-apocalyptique, avec des voisins obligés de se parler, des parents forcés de passer du temps avec leurs enfants, le télétravail offre un peu de liberté à des salariés en souffrance. C’est peut-être ça, cette possibilité de souffler qui exaspère autant Regus Patoff (Christoph Waltz, Inglourious Basterds). Rencontre avec The Consultant.
ALERTE AU CONSULTANT !
Dans une start-up spécialisée dans la fabrication puis la commercialisation de jeux vidéo, un groupe d’enfants visite les lieux. Quand soudain, des coups de feu retentissent. L’un des petits garnements vient de vider son chargeur sur le patron de la boîte.
C’est le branle-bas de combat. Le même jour, alors que tout est fermé, le sieur Patoff s’installe dans le bureau aux murs encore recouverts de sang et d’idées sous le regard médusé du programmateur Craig (Nat Wolff, Brothers In Arms) et de la productrice Elaine (Brittany O’Grady, The White Lotus). Débute alors un management tyrannique dans ces locaux qui sentaient bon la détente et l’insouciance. Ce qui pousse les deux salariés à en savoir plus sur ce consultant.
CHRISTOPHER WALTZ, TOUJOURS AUSSI MÉCHANT
Révélé au grand public pour son rôle du Colonel Hans Landa dans Inglourious Basterds, donc, adopté ensuite pour celui du chasseur de primes/docteur King Schultz dans Django Unchained, là aussi sous les ordres de Quentin Tarantino, Christoph Waltz est passé maître dans l’art d’incarner avec justesse ces « méchants » qui donnent la chair de poule. Et ce n’est pas sa performance dans The Consultant, qui fera penser le contraire.
METTRE DU DÉSORDRE DANS L'ORDRE
« On va mettre de l’ordre dans le désordre ! », chante Koffi Olomidé dans KK prudencia aux côtés de Meïway.
C’est tout le contraire de Patoff. Lui, il vient mettre du désordre dans l’ordre, rappeler aux salariés que l’heure c’est l’heure, avec ces portes qui se ferment devant eux, ou encore mettre fin au télétravail manu militari, etc.
Calculateur/cynique/froid, The Consultant incarne ce manager qui se fait insulter dans l’un des nombreux groupes WhatsApp animés par des salariés frustrés et peureux. D’où cette question : à quoi sert vraiment un manager si les salariés arrivent à produire un tant soit peu ? À quoi sert un consultant, qui selon Larousse « donne des avis circonstanciés relatifs à son activité », aussi peu bienveillant et à l’écoute de travailleurs déstabilisés par ce changement ? À rien si ce n’est rappeler que le travail vient du latin tripalium qui renvoie à un instrument de torture.
À rien si ce n’est de faire regretter à des salariés à la limite du burn-out ces instants où ils demandaient : « Tu es en télétravail, aujourd’hui ? C’est ça ? »