« Jusqu'ici tout va bien », armes soeurs
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible depuis quelques jours seulement sur Netflix, "Jusqu’ici tout va bien" légende étape par étape la descente aux enfers d’une journaliste après que son frère a été impliqué dans un délit de fuite.

© Netflix

« Non laisse ça ! C’est à moi, pas à toi ! », entend-on dans de sempiternelles disputes entre frères et sœurs au sujet de palmes multicolores pour nager, d’un biscuit à partager, etc.

Lorsqu’ils étaient petits, Fara (Nawell Madani, vue notamment dans Alibi.com), Souhila (Kahina Carina, Braqueurs) et Yasmina (Carima Amarouche, De bas étage), ses deux sœurs se chamaillaient beaucoup sous les yeux de leur petit frère Selim (Radouan Leflahi, Robuste), d’un père qui lui n’avait d’yeux que pour son journal télévisé : le 20 heures de TF1. spoiler: Raison pour laquelle Fara est devenue journaliste. Mais c’était avant que Selim ne fasse une grosse bêtise. Immersion.

REPORTÉE SANS FRONTIÈRES

Vivotant dans son appartement du 14ème, sans eau vu que son propriétaire refuse de faire des travaux, Fara est une journaliste reporter d’images, JRI en langage rapide. Émeutes en banlieues, voitures cramées, etc. La jeune femme maghrébine sert de caution à une chaîne nationale dont la ligne éditoriale est claire/simple/précise : fake news sur fake news.

Ce jour-là, alors qu’elle fabriquait un énième reportage, la promotion qui a été reportée sans ménagement, lui passe encore sous le nez. S’en est trop pour la demoiselle : pétage de plombs en direct. Le changement de poste ? Elle finit par l’obtenir. Mais à peine l’obtient-elle que son naïf de frère débarque et lui un camion rempli de drogue. Celle-ci appartient à un certain Oumar (Djebril Zonga, Les Misérables). Après la perte de sa précieuse petite marchandise, le sapeur pas congolais décide de s’intéresser d’un peu trop près à cette famille désunie ; le tout en plein ramadan. Et ce malgré la police spoiler: corrompue.

DES SŒURS MAIS PAS TROP

Depuis leur tendre enfance, les trois sœurs ont bien grandi.

À Fara, la lumière, les brimades et autres remarques racistes émanant la plupart du temps d’un présentateur qui pue le gel pour les cheveux et la xénophobie crasseuse, et aussi la relation secrète avec son N+1 : un certain Alban (Paul Hamy, Madame Claude) plus charmant que prince.

À Souhila, tellement dure et plongée dans sa religion qu’elle est incapable d’empêcher Lina (Paola Locatelli, Les liaisons dangereuses), son adolescente de fille, de tomber dans les bras musclés d’un footballeur, sosie-chevelu dans le film en tout cas de Kylian Mbappé.

À Yasmina, le mari aimant rien ni personne, surtout pas elle, les enfants kpakpato, cafteurs en VOSTFR, les plans foireux mais pas trop finalement, etc.

Rien ne les lie jusqu’à l’arrivée d’Oumar dans leur vie.

Belle gueule, sur laquelle quelques poils se concentrent, longs cheveux, le plus souvent attachés, Oumar c’est le sosie d’un mannequin sans forcer. Aya Nakamura appréciera.

Pour la petite histoire, c’est le compagnon dans la vraie vie de la réalisatrice de Jusqu’ici tout va bien dont le titre initial était d’ailleurs : Bendo, soit le quartier en langage familier.

« JUSQU’ICI TOUT VA BIEN », LA HAINE VERSION COCAINE LIGHT

C’est de sa propre histoire qu’elle se serait inspirée, apprend-t-on dans un article paru sur Libération. D’ailleurs, à cette mère, qui a été abandonnée par son époux comme la sienne dans la vraie vie, elle aurait mis dans la bouche – toujours selon ce même journal – des mots entendus mille et un fois : « Les hommes, au début, ils donnent tout. Après, tu passes ta vie à payer. »

Même si ce n’est clairement pas la série de l’année, sur laquelle elle a travaillé trois ans, cette comédie dramatique de 8 épisodes se laisse regarder sans que les neurones soient trop sollicitées parce qu’elle est rythmée, donne du gaz. Sorte de La Haine version cocaïne Light. Et pour la petite histoire, le titre fait volontairement référence à ce classique. Encore une raison de plus pour voir ses sœurs s’armer de courage et/ou s’armer tout simplement, peut-être aussi entendre : « Non laisse ça ! C’est à moi, pas à toi ! »

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