« Harlem », sisters actes
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible sur Amazon Prime, « Harlem » retrace les victoires et les déboires de 4 afro-américaines new-yorkaises.

© Amazon Prime

« Les femmes ne se soutiennent pas ! », entend-on çà et là pour pointer du doigt le fait que la sororité serait un concept vaseux inventé par des agences de communication - par exemple – en manque d’inspiration. Toujours dans ce même état d’esprit, feu Madeleine Albright, Secrétaire d’État des États-Unis, aurait déclaré : « Il y a un place spéciale en enfer pour les femmes qui ne s’entraident pas ! »

Vu comment elles s’entraident, se soutiennent, se poussent, trois fois par jour, matin/midi/soir, il y a peu mais alors très peu de chances que Camille Parks (Meagan Good, vue notamment dans Street Dancers) et ses copines fassent l’aller simple pour le purgatoire. C’est parti pour leurs nouvelles aventures à Harlem.

QUATRE FILLES DANS LE VENT

La dernière fois qu’on avait vu Camille, spoiler: ses lèvres étaient collées sur celle de son chef cuisinier d’ex, Ian (Tyler Lepley, 90210 Beverly Hills – Nouvelle génération) qui devait se marier....le lendemain.

Disponible depuis quelques mois maintenant, la saison 2 repart de ce coup de théâtre pour conserver le même rythme de croisière.

On retrouve donc les meilleurs amies de Camille, qui est professeure d’anthropologie à l’Université de Columbia. À savoir l’entrepreneure successful dont la fortune provient de son Tinder pour afro-américains LGBTQ+, Tye Reynolds (Jerrie Johnson), mais aussi la designer plus romantique que le mot lui-même et dont la boutique ne tient que grâce au financement de ses parents, Quinn Joseph (Grace Byers, Empire) et enfin la désinvolte adulte qui refuse de grandir, Angie Wilson (Shoniqua Shandai). Ensemble, les quatre filles se chamaillent et se rabibochent tout en essayant de mener à bout leurs projets professionnels et trouver la bonne personne.

Cette fois-ci, Camille, qui s’est remise avec Ian entre temps, semble avoir trouvé le bon spoiler: après une vraie-fausse rupture avec le beau gosse de professeur Jameson Royce (Sullivan Jones, Atlanta). Mais sans compter le fait que personne ne vit d’amour et d’eau fraîche et encore moins spoiler: quand l’infertilité de la jolie jeune femme enseignante menace de ruiner le couple.

MEAGAN EST TOUJOURS GOOD

Inutile de regarder le 18 épisodes de Harlem, 10 pour la première saison et 8 pour la seconde, pour se rendre compte que Meagan est toujours aussi good, belle. C’est peut-être LA raison pour laquelle beaucoup ont regardé/regardent/regarderont la série.

Son beauty privilege préserve pourtant son personnage maladroit de rien : ni de douter, ni de se faire régulièrement remettre à sa place par le Docteure Elise Pruitt qui est interprétée par une certaine Whoopi Goldberg (Deloris/sœur Marie-Clarence dans la sage Sister Act). Son monde serait incomplet sans ses drôles d’amies. Tye n’est pas la caution LGBTQ+ dans Harlem. Elle est bien plus que ça plus que c’est par elle que les premiers problèmes de santé sont introduits dans la 1ère saison – sortie fin 2021.

Quinn, elle, porte si bien son nom avec ce monde de bisounours dans lequel elle vit que ça en devient presque énervant. La dépression qui la frappe lentement mais sûrement dans cette saison rectifie le tir en quelque sorte. Quant à Angie, son amour pour les plans à trois, les mougoupan, histoires sans lendemain en VOSTFR, disparaissent à mesure que l’intrigue avance.

Et ce sont entre autres ces évolutions individuelles et collectives qui donnent un intérêt certain à Harlem.

COMME SI « SEX AND THE CITY » ET INSECURE AVAIENT EU UN BÉBÉ

Gentrification, coming-out, squelettes dans le placard mais aussi chômage, mariage annulé ou encore problèmes d’argent, tromperies etc. Harlem passe en revue tous les thèmes ou presque d’une vie d’adulte sur laquelle on nous a menti.

Oui, la vie d’adulte est dure ! Et c’est ce que la série produite entre autres par Amy Poehler (Parks and Recreation) et ce monsieur tombé, petit, dans la fontaine de jouvence : Pharrell Williams, s’efforce de représenter de la manière la plus réalise possible.

Certes, ce n’est pas la première fois que l’amertume et la joie d’un quatuor féminins sont portées à l’écran. Mais contrairement à Sex and the City, où c'était aberrant de voir Carrie Bradshaw mener la dolce vita avec un salaire de pigiste, on est beaucoup plus proche de la réalité. Thanks God!

Créée par la scénariste Tracy Oliver, à qui l’on doit Girls Trip, déjà une réunion de filles, avec Jada Pinkett-Smith notamment, Harlem s’inscrit plutôt dans la lignée d’Insecure, qui aurait d’ailleurs pu s’appeler Los Angeles tant la ville californienne est omniprésente, voire Love Life.

Certes les sujets abordés concernent d’abord la communauté afro-américaine mais n’ont absolument pas de ton revendicatif. Bien au contraire.

Ces brunchs dominicaux (?) où ces sœurs déversent, au milieu de personnes en claquettes, humour et répartie sont l’un des moments phares de la série, là où on se met à jour en même temps qu’elles. Ça, c’est du Sisters Actes !

Ce procédé est d’ailleurs beaucoup plus efficace que de commencer par Camille qui annonce la couleur de l’épisode, la thématique principale, à travers ses cours universitaires sur des civilisations qui ont disparu depuis mathusalem.

En vrai, Harlem est une bonne petite série feel good solidement ancrée dans la réalité du monde contemporain. Un monde où il est faux de penser que « Les femmes ne se soutiennent pas ! ». La preuve.

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