« Viens, on sort ce soir ! », proposent des amis tous les vendredis soirs ou presque. Histoire de s’évader/s’échapper/sortir. Tout ce que Nemo (Willem Dafoe, entendu notamment dans Le monde de Nemo et vu entre autres dans John Wick) vieux forban chétif coincé dans un penthouse. Par ici, l’entrée.
LE MONDE DE NEMO
Lorsqu’il débarque dans ce beau 36 pièces, aux épais murs recouverts d’œuvres d’art et d’argent, guidé par une voix masculine, Nemo ignore dans quel pétrin il est littéralement entré. Le système d’alarme sophistiqué se dérègle. Résultat : le pied-à-terre, avec ces accessoires tous plus sensibles au moindre petit changement les uns que les autres, devient le monde de Nemo. Un océan de solitude où il se perd et perd ensuite la raison.
WILLEM, ACTEUR PRESQUE SANS DAFOE
Acteur déjà charismatique particulièrement après avoir joué Van Gogh dans Loving Vincent et dans un tout autre registre Le Bouffon Vert dans Spider-Man puis une seconde fois dans Spider-Man : No Way Home, Willem Dafoe ajoute une nouvelle corde à son arc.
Cette fois-ci, le sexagénaire, qui les fêtera officiellement le 22 juillet prochain, est tout seul comme un grand. Son interprétation est proportionnelle à la taille de cet espace de plusieurs centaines de mètres carrés ; dans lequel il flotte littéralement.
Mais ce huis clos dans lequel il se réveille/veille/perd ses nerfs n’est finalement pas aussi prometteur que le pitch semblait l’être.
« INSIDE », LE « LOCKE » DU PAUVRE
Thriller dramatique qui dure 105 minutes, Inside s’annonce prometteur dès le point de départ. Et ce malfaiteur enfermé malgré lui. La morale nous fait lâcher : « Bien fait pour lui ! »
Absence d’eau courante et de commodités, mais aussi changements intempestifs de température, folie passagère, etc. Le karma s’abat sur lui avec, donc, toutes ces preuves intérieures de l’existence d’un réchauffement climatique.
Puis à mesure que le film avance, et que malheureusement l’intrigue s’appauvrit tant elle dure en longueurs inutiles, l’empathie nous fait penser : « Le pauvre ! » On aurait aimé que spoiler: la gouvernante qui utilise l’aspirateur pour nettoyer le sol et dissiper l’odeur des cigarettes qu’elle fume clandestinement entende ses cris de détresse avant de le libérer. Mais non.
Ce n’est pas la première que ce type de film, hyper-centré sur un seul acteur, sort. Mais il est loin de l’une des références en la matière à savoir : Locke.
Film dramatique dans lequel Ivan Locke (Tom Hardy) reçoit, dans sa voiture, un coup de fil qui va chambouler sa vie. Simple, brillant et efficace, ce thriller prend aux tripes comme une bonne sauce pêpê soupe ; posée sur la table un dimanche midi, avec ces proches qu’on met en fond d’écran.
Non, Inside c’est le Locke du pauvre. Une ennuyante réunion en petit comité à laquelle le public aurait préféré ne pas assister. Un programme pour lequel on regrette d’avoir donné son accord après avoir entendu : « Viens, on sort ce soir ! »