« Faites la paix, pas la guerre. », aurait dit un jour, emporté par une saillie verbale, un certain Aristote. Depuis, la formule est consacrée matin/midi/soir quand elle n’inspire pas ces hommes et femmes qui représentent leur pays autant que les reines de beauté, sans le bras qui s’agite dans l’air : diplomates et ambassadeurs. La dernière rencontrée qui appartient à la seconde catégorie a pour Ambassadrice Kate Wyler (Keri Russell, vue notamment dans Felicity). Rencontre au sommet avec une diplomate bornée et imprévisible.
L’AMBASSADRICE RÉPOND À L’APPEL DE LONDRES
Lorsque Kate Wyler débarque à l’insu de son plein gré, flanqué de son diplomate de mari, ex-ambassadeur, Hal Wyler (Rufus Sewell, Old), elle ne s’attend absolument pas à gérer : une crise politico-diplomatique après un attentat mortel sur un navire anglais, une relation tendue avec son N+1, mais aussi des alliances plus fragiles que la santé d’un nouveau-né que ses oncles et tantes réclament de voir tout le temps, ou encore une idylle naissante Austin Dennison (David Gyasi, Interstellar), ministre des Affaires Étrangères anglais ; le tout sous le regard consterné mais tendre de son chef de mission adjoint Stuart Heyford (Ato Essandoh, Blood Diamond).
Mais tout ceci serait un peu trop facile si en plus de toutes ces péripéties, qui arrivent en pleine séparation d’ailleurs, l’ambassadrice américaine n’était pas dans les petits papiers de la Maison Blanche pour être…vice-présidente.
KERI RUSSELL, SÉQUENCE NOSTALGIE
Il y a une certaine sympathie, à voir Keri Russell, qui était récemment à l'affiche dans Cocaine Bear, dans le premier rôle d’une série quand on l’a vue il y a des siècles maintenant dans la série pour adolescents : Felicity. Oui, il y a une nostalgie certaine.
Elle interprète ici une femme qui n’a de diplomate que le nom. Que ce soient ses cheveux en conflit larvé avec un peigne, ses tenues débraillées malgré les efforts d’un staff qui lui prépare ses valises, et ses méthodes dignes du contre-espionnage, elle n’a absolument rien d’une ambassadrice. Non, rien de rien. Et, elle ne regrette rien.
Sauf peut-être d’avoir épousé M. Wyler qui préfère agir dans l’ombre après avoir repris contact avec un vieux ami dans le hall d’un bureau administratif.
À leurs côtés, il y a donc Stuart. Grand échalas noire, faiseur de rois et de reines à qui on a imposé de transformer sa patronne en vice-présidente crédible. Autant dire : Mission Impossible. Surtout quand il batifole avec Eidra (Ali Ahn, Orange Is The New Black), cheffe de la station londonienne de la CIA.
Oui dans The Diplomat, amour et travail vont ensemble. Et ce n’est pas que la seule particularité de cette série dramatique.
UNE POLITIQUE DES COUPS FOURRÉS À 1000 BORNES DE LA DIPLOMATIE
Suivre les 8 épisodes de ce thriller qui durent 50 minutes en moyenne c’est avoir l’impression de jouer à 1000 bornes tant u coup fourré peut survenir à chacun instant. Et le ton est donné dès le 1Er épisode avec le kidnapping de M. Wyler par une force étrangère, l’Iran pour être plus précis. Puis c’est un enchaînement de retournements de situation : avec l’assassinat d’un haut responsable iranien, dans les bureaux cossus du ministre des Affaires Étrangères anglais et surtout l’attentat dans le dernier épisode. Les réponses se trouvent dans la seconde saison, puisque la série a été renouvelée. Et pourtant, elle manque de suite dans les idées d’une part à cause du rythme frénétique qui finit par redescendre mais aussi de l’impression de déjà-vu.
En effet, outre le traditionnel grand méchant russe, qui serait derrière l’attentat ou plutôt l’un de ses ressortissants, il y a l’alliance américano-anglaise, qui souffre, l’ombre des blessures du passé avec l’invasion de l’Irak sous des prétextes fallacieux. Des thèmes vus et revus dans des séries plus brillantes. Parce que The Diplomat, thriller politique, n’a mis la puissance machiavélique de House Of Cards (avant l’éviction de Kevin Spacey, après ≠MeToo), ni l’incroyable sens dramatique d’un Homeland, porté par l’inclassable Claire Danes/Carrie Mathison, etc. La comparaison pourrait encore continuer mais l’essentiel est là.
Après avoir regardé The Diplomat, il y a de fortes chances que le nouveau leitmotiv préféré, le vôtre, soit : « Faites la paix, pas la guerre. »