A Thousand and One, la mère noire
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Une jeune femme retire un petit garçon du système des familles d’accueil avant de l’éduquer comme son propre enfant.

© YouTube

Les clichés attachés aux mères noires les enferment un peu plus dans un laboratoire d’idées reçues. Et c’est exactement le premier sentiment ressenti lorsqu’Inez de la Paz (Teyana Taylor, Un Prince à New York 2) apparaît à l’écran. Rencontre avec cette vraie fausse mère célibataire dans « A Thousand and One ».

ALERTE ENLÈVEMENT ! IL FAUT SAUVER LE SOLDAT TERRY

Terry a six petites années seulement quand Inez-la-fougueuse décide le sortir des griffes du foster care system, ou système de placement familial en VOSTFR. Au fur et à mesure, l’enfant, devenu un brillant adolescent, et ce malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, le plus souvent sans argent, pose des questions. Ou plutôt, des gens, notamment son école lui en pose. Et c’est là, à la découverte du pot-aux-roses que le secret longtemps gardé, étouffé comme un cri dans un oreiller, que le jeune homme en construction réalise qui il est vraiment : un enfant avec Inez, une mère de substitution, et un remplaçant de père : Lucky (William Catlett, The Devil You Know). Terry ne sera donc jamais totalement bien reconstruit.

TEYANA, UN TAYLOR CACHÉ

Artiste mais aussi danseuse, dont les pas et les formes avaient été particulièrement appréciés dans Fade, pour Kanye West, Teyana semblait avoir un Taylor caché. On se doutait que la modeuse était capable de jouer mais on ignorait à quel point. C’est désormais officiel.

VOUS PRENDRIEZ BIEN, ENCORE, UN PEU DU « MOONLIGHT » ?

Il serait tentant de Ray Charles, faire l’aveugle en VOSTFR, et de ne pas voir dans A Thousand and One des similitudes avec la master class de Barry Jenkins : Moonlight, mais ça serait rocambolesque.

Déjà, l’évolution du garçon est dans les deux films dramatiques développée en trois temps ; la seule différence étant que dans Moonlight, Chiron arrive à l’âge adulte. Sans parler du fait qu’à chaque étape de sa vie, un nom nouveau est utilisé pour le désigner.

Ensuite, ce sont de beaux films. Parce qu’il s’empare d’un sale sujet sans pour autant le salir, à savoir la virilité noire au sein d’une famille recomposée ou plutôt décomposée, A Thousand and One est aussi l’un des plus beaux de cette année. Avec Brother et Tirailleurs notamment.

À l’inverse, si le meilleur film de l’année 2017 selon l’Académie des Oscars, est un inouï jeu de lumières, la Jenkins touch, A Thousand and One, lui, est plus sobre en terme d’exploitation et/ou explosion des couleurs. Mais cette sobriété est justement mise au service du propos du film : un enfant adopté à l’insu de son plein gré et qui grandit certes dans l’amour et l’affection, mais le tout est pourri par un mensonge. C’est un joli tour de passe-passe que la réalisatrice/scénariste A.V. Rockwell a fait pour son premier film : éviter de tomber les deux pieds joints dans le cliché de la angry black woman, la mère noire, qui souffre de l’absence d’un mari en prison ou tué par un gang rival, et qui par conséquent fait souffrir son entourage, à commencer par ce jeune homme intelligent mais fragile émotionnellement qui lui aurait su à quel moment : « La mer Noire ! »

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