« Si tu fais comme lui, tu vas échouer dans la vie ! », disent très souvent à leurs enfants des parents devins en leur montrant du doigt ces invisibles au métier pourtant précieux. À force d’avoir commis une montagne d’erreurs, des espions britanniques, affiliés au MI5, font eux aussi partie de ces rejetés de la société.
Après avoir résolu une affaire contre tous les pronostics, ces drôles d’agents secrets sont de retour pour la deuxième fois dans Slow Horses. Visite guidée.
RETOUR À L’ÉTABLE
Après avoir multiplié les entretiens infructueux, River Cartwright (Jack Lowden, vu notamment dans Dunkerque) est de retour.
L’enfant terrible de l’espionnage, « le Billy The Kid » des services de Sa Majesté est de retour au sein de « l’Étable » ; refuge pour boucs émissaires. Dans cet endroit qui pue la transpiration et la défaite, il retrouve notamment : Catherine Standish, secrétaire effacée et effaçable du grand patron, mais aussi Roddy Ho, exécrable génie de l’informatique imbu de sa personne, ou encore Louisa Guy et Min Harper, qui sont collègues et plus si affinités.
Tous ces vilains petits canards, et d’autres encore, évoluent sous les ordres de Jackson Lamb (Gary Oldman, Léon) gloire et désormais imbuvable patron presque sans cœur de ces bras cassés.
Quand il ne leur passe pas de soufflante, trempée dans une bonne dose d’ironie, l’homme aux cheveux gras et à l’odeur répugnante met au parfum Diana Taverner (Kristin Scott Thomas, Only God Forgives) sur l’état d’avancement des affaires.
Cette fois-ci, c’est la mort un peu trop anodine d’un ancien espion britannique fait sortir de l’ombre d’anciens espions endormis depuis la guerre froide. Ces derniers menacent Londres.
GARY OLDMAN, PÈRE FOUETTARD
Autant la première saison faisait briller un peu plus que les autres Cartwright, autant la deuxième saison, à l’issue de laquelle une bande-annonce pour la suivante a été diffusée avec entre autres Sope Dirisu (Elliot Finch de Gangs Of London), met en valeur si tant est que ce soit possible Jack Lamb.
Vieux pardessus emprunté à feu Peter Falk/Columbo, insulte toujours au bord des lèvres, mais aussi avarice débordante, ce vieux de la vieille a toutes les qualités requises pour faire un parfait petit méchant N+1 ; le genre qui vous donne la boule au ventre rien qu’en y pensant.
Mais derrière cette carapace, se cache un vieux singe à qui on ne fait plus la grimace.
« SLOW HORSES », LA SÉRIE QUI VA AU PETIT TROT
« L’autre meilleure série de l’année 2022 », juste derrière The Bear, est un modèle dans le genre thriller d’espionnage.
Plutôt que nous conter en long/large/travers des exploits à la James Bond, Slow Horses prend le parfait contre-pied. Hormis, le fait que ce soient tous des sentinelles, ils n’ont que deux choses en commun : l’appartenance à la Grande-Bretagne et le goût pour l’alcool.
À l’Étable, ça se voit clairement, aux bouteilles rangées çà et là, que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé n’est plus qu’un slogan pour eux.
Si la série est aussi bonne c’est parce qu’elle met en scène des gens ordinaires, des losers, pas des canons de beauté non plus, mais qui arrivent à faire des choses extraordinaires. Comme démasquer un dangereux réseau d’agents dormants.
Et le fait que ça commence souvent de la même manière, un fait banal qui déclenche ensuite une série d’évènements insoupçonnés, rend la chose encore plus agréable. Avec cette touche d’humour british. Parce qu’avec ces antihéros du renseignement les apparences sont souvent trompeuses. Au point où en les voyant dans la rue, des parents pourraient à affirmer à leur descendance : « Si tu fais comme lui, tu vas échouer dans la vie ! »