« N’abîme pas tes jouets ! », crient des parents fatigués que leur progéniture relance l’économie mondiale à coups de destructions de figurines achetées à prix d’or.
Chose que Jin Wang (Ben Wang, vu notamment dans The Last O.G.) a du entendre des milliers de fois, lui le lycéen/geek passionné par les bonshommes notamment ceux à l’effigie de dieux chinois fantastiques. Découverte.
LA VIE ORDINAIRE DU MOINS POPULAIRE
La vie d’un écolier, encore plus au lycée, est souvent tout sauf qu’un long fleuve tranquille. Encore plus quand on est issu d’une minorité invisible comme Jin.
Ce sino-américain mène donc une existence sans saveur, à peine interrompue par les disputes régulières entre Simon et Christine, M. et Mme à l’état civil. Sa vie, il l’entend bien la pimenter en rejoignant la populaire équipe de football. Son plan est en marche jusqu’à ce qu’un nouvel étudiant, Wei-Chen débarque.
Mais derrière cet autre geek, passionné par les mêmes centres d’intérêt que Jin, se cache en fait un prince lancé tête baissée dans une quête céleste.
Celle-ci attire sur Terre, Guanyin (Michelle Yeoh, Everything Everywhere All at Once), tante aimante, mais aussi son père, un certain roi singe. Et pendant ce temps-là, les maladresses de Freddy Wong (Ke Huy Quan, vu aussi dans Everything Everywhere All at Once ), acteur constamment tourné en dérision font écho aux balourdises de l’adolescent.
YEOH N’EST PLUS L’AUTRE MICHELLE
Déjà populaire avec Tigre et Dragon, fable romantique et acrobatique sortie en 2000, et depuis peu oscarisé avec Everything Everywhere All at Once donc, Michelle Yeah n’est plus cette autre Michelle qui fait du cinéma, Pfeiffer donc, ou encore celle dont le mari aura été pendant huit le premier président noir américain, Michelle Obama donc. Non, Michelle Yeoh est une actrice malaisienne extraordinaire dont la seule présence suffirait presque à sauver le dernier né de Disney+ : American Born Chinese.
MYTHOLOGIE CHINOISE À LA SAUCE AMÉRICAINE
Michelle Yeoh, Ke Huy Quan, présents dans cette série fantastique de 8 épisodes de 30 minutes, chacun, il y a clairement une volonté de surfer sur la vague du succès du meilleur film de l’année dernière : Everything Everywhere All at Once.
Un casting quasiment 100% asiatique, il y a explicitement une envie de s’inscrire dans la vague des films représentant mieux la communauté asiatique en général et sino-américaine en particulier après : Crazy Rich Asians, comédie romantique sortie en 2018.
Mais aussi Minari (2020), long-métrage certes lent mais touchant sur cette famille coréenne qui met sueur et prière dans sa ferme.
Ou encore, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, en 2021.
Et plus récemment, Beef, petite embrouille entre deux sino-américains qui finit mal.
Mais il aurait fallu plus que ça, plus que surfer sur ces vagues, plus que superposer mythologie asiatique et rêve américain pour que cette série disponible depuis fin mai soit vraiment intéressante. Grands dieux !
Elle a néanmoins le mérite d’avoir à nouveau à l’esprit : « N’abîme pas tes jouets ! »