« Si vous n’avez pas aimé le film, venez me voir en DM. Je vais vous expliquer ce que vous n’avez pas compris. », conclut gentiment la rédactrice en chef/distributrice Sonia Guiza, blonde platine, en présentant son premier film Monsieur Le Maire ; réalisé par Olivier Koné.
Retour sur une avant-première et surtout un film qui fait un peu/beaucoup/naturellement rire.
UNE AVANT-PREMIÈRE MAJESTIC
Posé dans le hall, avec placés de part et d’autre ces poteaux dorés, et leur corde barrière, le tapis rouge mène à l’entrée du cinéma Majestic Ivoire, situé à l’intérieur de l’hôtel de luxe Sofitel Ivoire.
Acteurs, actrices, mais cinéphiles, journalistes ou encore membres de l’équipe de tournage, tous sont disséminés un peu partout, avant d’être acclamés à la fin de la projection, dans cette salle dont la capacité d’accueil tutoie les 400 places.
Sapés comme jamais, sans lunettes de soleil de Maître Gims par contre, ou en tenue de travail, tous sont là pour regarder la dernière comédie en vogue, Monsieur Le Maire donc, plutôt que d’écouter des représentants venus porter la parole de leur ministre absent(e). Ainsi la vie dans ces cérémonies officielles ivoiriennes en général et abidjanaises en particulier. Quelques instants après ces solennités, dans une salle comble, le show commence. Lumière, caméra, action.
VOTEZ UN PEU/PAS DU TOUT/NULLEMENT MONSIEUR LE MAIRE
Frigoriste le matin, escroc le soir, Akpatchè (Abou Davy, l’apprenti gbaka impoli dans la série Sery et Sory) côtoie en prison un ancien orpailleur clandestin qui a eu la bonne idée de cacher son trésor quelque part.
Criblé de dettes et poursuivi par des créanciers qui ne blaguent pas, l’ex-prisonnier se lance alors dans une chasse au trésor et atterrit alors dans un petit village où l’or est censé se trouver.
Mais voilà, rien, absolument rien se passe comme prévu.
Entre les avances de l’ex-future chérie de son codétenu, les menaces de l’amant de celle-ci plus gros bras que petit pompier, amant fougueux en VOSTFR, et les vaines tentatives de collecte du butin, le jeune homme est dans de beaux draps.
Et comme si cela ne suffisait pas, son arrivée coïncide avec les élections municipales que Monsieur Le Maire (Fortuné Akakpo, légende vivante vue notamment dans Qui fait ça) pense remporter haut la main. Lui qui préfère les formes de sa petite amie aux fonds, qu’il a d’ailleurs détournés.
Et au beau milieu de ce duel à distance, un féticheur/sapeur congolais force le destin avec des formules en lingala deuxième langue. Ezaba très très fort.
DES RIRES EN VEUX-TU, EN VOILÀ
Après Éternel, et surtout Marabout Chéri, Monsieur Le Maire est donc le dernier gros film ivoirien à l’affiche. D’ailleurs, ce sont 100 000 spectateurs qui sont attendus dans les salles.
Contrairement à la comédie romantique Marabout Chéri, cette comédie réalisée par Olivier Koné – dont la voiture a brûlé pendant le tournage - s’inscrit surtout dans l’actualité et braque les projecteurs sur ces maux qui gangrènent la vie de nombreux concitoyens. À commencer par la corruption. Mais ce n’est pas une critique acerbe. Bien au contraire.
C’est une occasion de multiplier les comiques de situations et autres imbroglios, installer des personnages secondaires qui jouent les premiers rôles, comme le cinéma ivoirien a su le faire à travers Bal Poussière, Le Sixième Doigt, etc.
Monsieur Le Maire, avec ce mélange entre comédie burlesque et quiproquos, ces couleurs qui ne laissent pas en plan, ces rires de spectateurs conquis – à commencer par ceux de Fortuné, assis près de nous - qui montaient jusqu’au plafond du cinéma Majestic Ivoire, n’est peut-être pas la comédie de l’année mais qu’importe. Oui, qu’importe.
C’est assurément une comédie à voir seul, ou bien accompagné. Et surtout, n’oubliez pas que : « Si vous n’avez pas aimé le film, venez me voir en DM. Je vais vous expliquer ce que vous n’avez pas compris. »