« Banlieusards 2 », flow de clichés
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible depuis peu sur Netflix, « Banlieusards 2 » concentre plus de clichés qu’il ne les dénonce.

©️ Netflix

« Dans la rue, il y a deux sortes de personnes qui ne font pas long feu : l’ancien qui sous-estime la rapacité du jeune. Et le jeune qui sous-estime l’expérience de l’ancien. », explique calmement mais fermement Demba Traoré (Kery James, vu notamment dans le premier volet Banlieusards).

Mais derrière cette vraie fausse sagesse qu’il partage à doses homéopathiques se cache en fait un entrepreneur prêt à tout pour remporter tous les marchés possibles. Par ici, les détails.

PAS DE DÉBAT AVEC DEMBA

Après avoir survécu à une attaque, Demba, aîné d’une fratrie de trois enfants, a investi l’argent mal acquis, de tous ses trafics, dans l’isolation.

On se dit que l’ancien boss n’est plus aux affaires et par conséquent que ses deux frères le cadet Soulaymaan (Jammeh Diangana, Banlieusards) et le benjamin Noukoumé (Bakary Diombera, Twist à Bamako) vont pouvoir enfin suivre son (bel) exemple. Sauf qu’en fait c’est pas le quartier qui le kiffe, c’est lui qui kiffe le quartier.

Mais pendant qu’il multiplie les petites manigances pour obtenir de gros projets, le cadet, lui, essaie de se faire une place au soleil dans un cabinet d’avocats, et le benjamin multiplie les bêtises jusqu’à ce qu’un événement tragique survienne.

KERY JAMES PREND UNE NOUVELLE FOIS LA PAROLE

Connu et reconnu pour ses qualités de parolier, Kery le rappeur est à nouveau James l’acteur. Avec toujours cette incorrigible volonté de sensibiliser, à tout bout de champ, tout le temps, sur les inégalités de chances. C’est noble mais dans le 7ème art, il faut savoir bien faire les choses. Coproducteur de Banlieusards 2, avec Leïla Sy, à qui l’on doit Yo Mama, comédie estivale sur des mères qui cartonnent dans le rap, Kery James n'a pas su les faire. Au contraire, il a empilé les clichés les uns sur les autres dans ce drame contemporain.

UN FLOT DE CLICHÉS

Que ce soit dans Yamakasi, athlètes issus de quartiers défavorisés qui escaladent tout et n’importe quoi, Banlieue 13 et Banlieu-13 Ultimatum, où un duo choc doit sauver la banlieue menacée de destruction, mais aussi Les Misérables, et cette bavure policière qui déclenche des violences ou encore plus près de nous, la banlieue a toujours été un personnage principal. La Haine étant hors catégorie quand elle ne fait pas l'objet d'hommages.

La vie dans ces quartiers difficiles est souvent représentée avec plus ou moins de justesse. Et de justesse justement, Banlieusards 2 en manque.

L’exemple le plus frappant est la construction même des personnages principaux. Le grand frère, vrai faux repenti qui trempe encore dans les affaires louches, le cadet qui a réussi à briser le cercle vicieux en choisissant une voie diamétralement opposée et enfin le benjamin qui refuse d’écouter conseils. C’est exactement de la même façon que les personnages ont été construits dans Athéna de Romain Gavras, qui a d’ailleurs mis tous les clichés possibles pour dénoncer les violences urbaines.

Dans Athéna, il y a donc : Mokhtar, dealer de mauvais conseils, Abdel (Dali Benssalah, vu d'ailleurs dans Banlieusards et surtout No Time To Die), le cadet qui s’est engagé dans l’armée, et enfin Karim, meneur d’hommes prêts à en découdre avec la police ; à la suite d’une intervention policière qui a coûté la vie au plus petit de la fratrie.

Ce sentiment de déjà-vu et revu empêche d’apprécier, au propre comme au figuré, Banlieusards 2 et ces proverbes ; à commencer par : « Dans la rue, il y a deux sortes de personnes qui ne font pas long feu : l’ancien qui sous-estime la rapacité du jeune. Et le jeune qui sous-estime l’expérience de l’ancien. »

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