« Nowhere » : y a rien à faire, elle est seule au monde
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible depuis sur Netflix, « Nowhere », qui aborde d’une certaine façon la crise des migrants, cartonne à juste titre.

©️ Netflix

« […] Je suis seul au monde. Y a rien à faire, je suis au monde. », chantait autrefois Corneille. Si le chanteur canadien d’origine rwandaise a depuis disparu des charts, son histoire, celle d’un jeune homme de dix-sept ans dont la famille a été massacrée sous les yeux, résonne encore et encore. Y a rien à faire.

Des choses à faire, Mia, enceinte jusqu’au cou, aurait bien aimé en avoir ; elle qui du jour au lendemain se retrouve coincée dans un conteneur quelque part en haute mer. Par ici les détails.

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Dans un pays, dont le nom n’est pas mentionné, l’heure est au totalitarisme. Tous fuient ce régime autoritaire où on tue pour un oui, pour un non. Mia (Anna Castillo) et son compagnon Nico (Tamar Novas) sont parmi ces gens qui prennent leurs jambes à leur cou, qui se faufilent dans des conteneurs pour se barrer loin, très loin. Mais à la suite d’une série d’évènements extraordinaires, la jeune femme se retrouve en pleine mer, seule, avec bébé qui va arriver d’ici peu. C’est la course contre la montre.

ANNA CASTILLO NE DANSE PAS LE MIA

Le moins qu’on puisse dire c’est que dans Nowhere, même dans ces crises de folie passagère, Mia n’exécute aucun mouvement de la danse éponyme. Mia ne danse pas le Mia.

C’est à peu près la seule chose dont on peut se réjouir, si tant est que l’on puisse gentiment se moquer son extrême solitude. Oui parce que Nowhere est d’abord et avant tout un huis clos à ciel ouvert.

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Exécutions sommaires, cris étouffés de peur de se faire tuer à son tour, mais aussi séparation à l’insu de son plein gré et surtout séjour forcé dans un conteneur en pleine mer, rien n’est épargné à la jeune femme. Rien.

Pas même la visite impromptue d’un requin, attiré par le sang de son nouveau-né.

À côté, Tom Hanks dans Seul au monde, c’est une partie de plaisir.

Mais si Nowhere fait pleuvoir galères et péripéties au point où on préférerait presque tout finisse rapidement, c’est surtout pour bien faire vivre les conditions de vie de la principale concernée. D’ailleurs, Mia ne vit pas mais survit plutôt. À coups d’inspirations géniales, nées elles-mêmes après plusieurs échecs cuisants.

Plus que le bruit de la mer qui fait des vagues, l’écho du conteneur, et ses parois qui lui renvoient sa propre sollicitude, façon Miroir, miroir, Dis-moi qui est la plus seule au monde, c’est surtout le fait d’imaginer ne serait que cinq secondes d’être à sa place.

Se retrouver seul(e) en mer après avoir fui un état dystopique certes mais totalitaire quand même.

C’est malheureusement chose courante pour des centaines de milliers de migrants qui quittent ainsi leur pays, bravent la mer et ses conditions inimaginables, avant d’être parfois aidés, souvent maltraités. Difficile de ne pas faire écho à la crise des migrants qui dure, perdure depuis des années et n’épargne personne. Pas la même Côte d’Ivoire dont on dit pourtant qu’Abidjan est le plus doux au monde. Non.

Selon Le Parisien, plus de 12 000 personnes recensées entre janvier et juillet 2023 seraient originaires de la Côte d’Ivoire. Non sans que cela suscite des réactions.

Ce n’est qu’une partie de la triste réalité. Une réalité que Nowhere, et cette fin bâclée qui empêche de parler d’un sans-faute de A à Z, montre à sa manière avec succès.

Il y a encore quelques jours, selon AlloCiné, ce thriller espagnol occupait la première place parmi les « 10 meilleurs films en langue non-anglaise » avec plus de 23 millions de visionnages.

Tous ont vu une jeune femme seule monde. Y a rien à faire. Elle est seule au monde.

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