« Killers of the Flower Moon », prise d'Osages
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible au cinéma, « Killers Of the Flower Moon » est un très long-métrage sur l’assassinat ciblé de membres de la tribu Osage ; dans les années 1920.

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« Patrimoine de sang pur. », martèle au début de Killers of the Flower Moon le gâteux William Hale (Robert De Niro, vu notamment dans Les Affranchis) à Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio, The Revenant), son simplet de neveu.

Plus simple qu'Ernest, tu meurs. YouTube
Plus simple qu'Ernest, tu meurs.

À peine revenu du front et déjà poussé au mariage, ce vétéran prend par la suite petit à petit part au plan faussement méthodique mais diabolique de son oncle qui veut éliminer les (femmes) Osage pour récupérer leur immense fortune. Par ici, les détails.

UN COW-BOY PARMI LES INDIENS

Oklahoma, centre des États-Unis. C’est sur cette terre amérindienne que débarque Ernest Burkhart, avec son visage boursouflé, marqué par ces violents combats de la première guerre mondiale, et son baluchon.

Il est accueilli par un certain Henry Roan (William Belleau, Sur ordre de Dieu), membre mélancolique de la tribu Osage, dont la richesse se lit sur leurs doigts, recouverts de bagues et autres accessoires brillants.

Puis direction le domaine de William Hale, son oncle, donc.

Tel un employé fraîchement promu, qui réalise une passation en bonne et due forme, le vieil homme le briefe sur les habitants de sa nouvelle terre d’accueil ; notamment ces Osage.

Depuis qu’ils ont été chassés du Texas pour s’installer en Oklahoma, toujours à l’ouest des États-Unis, leur vie a changé. La découverte de l’or noir les a transformés. Autrefois indésirable, les voilà désormais convoités par des assassins, voleurs et autres individus de la pire espèce.

Tous sont animés par le même désir : les déposséder de toutes leurs richesses, quitte à les tuer ; rarement minutieusement.

C’est ainsi que Mollie (Lily Gladstone, Billions) perd ainsi : Anna, sa sœur assassinée, Reta, qui meurt pendant une explosion, mais aussi Lizzie Q (Tantoo Cardinal, Légendes d'automne), sa mère, qui aurait été empoisonnée.

Victime elle aussi, de ce complot, avec un ennemi au sein même de sa maison, la forte tête Mollie trouve la force d’alerter le gouvernement américain. C’est ainsi que Tom White (Jesse Plemons, Judas and The Black Messiah) débarque avec son chapeau d’agent du Bureau Of Investigation, ancêtre du Federal Bureau Of Investigation, ou FBI.

LILY GLADSTONE SE FAIT UN NOM

Plus que la solide performance de Leonardo DiCaprio, parfait en dadais qui aime malgré tout sa femme, ou encore celle de Robert De Niro, effrayant en commanditaire des assassinats, c’est celle de Lily Gladstone qu’il faut absolument retenir.

La tête que tu fais quand tu sens que quelque chose cloche. Youtube
La tête que tu fais quand tu sens que quelque chose cloche.

L’Amérindienne est incroyable de beauté, de justesse et de fragilité. Son interprétation remarquable et oscarisable de Mollie est à montrer dans toutes les écoles de cinéma. Et l’histoire dont elle est finalement l’héroïne est à enseigner dans toutes les écoles tout court.

SILENCE ! ON MASSACRE LES AMÉRINDIENS

Photo de famille © Tous droits réservés
Photo de famille

Depuis plusieurs années maintenant, il souffle un vent fort et puissant qui soulève les tapis sous lesquels la poussière des histoires réduites en cendres. Résultat : des pans de l’Histoire, le plus souvent des minorités, sont mis au goût du jour, racontés au cinéma.

DES EXEMPLES EN VEUX-TU, EN-VOILÀ

Ça a été particulièrement le cas avec : The Butler, l’histoire vraie de ce majordome à la Maison Blanche, et donc témoin privilégié d’évènements importants.

Mais aussi Hidden Figures, ces extraordinaires scientifiques afro-américaines dont le travail était déprécié à cause de leur couleur de peau.

Ou encore, BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan.

À sa façon Killers of The Flower Moon s’inscrit dans la lignée de ces drames basés sur une histoire vraie.

BASED ON A TRUE STORY

Avant qu’elle ne soit diffusée dans les salles obscures, durant trois longues heures, 3 heures et 26 minutes pour être précis, c’est d’abord un livre : Killers of the Flower Moon – The Osage murders and the birth of the FBI.

Parue en avril 2017, elle a été écrite par le journaliste David Grann.

Retour en arrière. Nous sommes au début du 20ème siècle, c’est le dernier épisode sanglant de la conquête de l’Ouest avec la découverte d’un énorme gisement de pétrole sur les terres des Osage ; seule tribu à avoir échappé aux tueries amérindiennes. Mais malheureusement, avec le ruissellement de l’or noir, et ces derricks qui poussent comme des champignons, un ciblage systématique des Indiens est organisé.

Ainsi, le gouvernement leur reverse des dividendes pour l’utilisation de leurs terres. Ce qui en fait à cette époque, « le peuple le plus riche du monde », si on prend les revenus par habitant.

UNE PRISE D'OSAGES

La tutelle sous laquelle ils sont placés, ces dépenses passées au crible, avec Mollie qui doit par exemple demander à sa mère de moins claquer son argent à la boulangerie, ou encore ces mariages arrangés avec des Blancs racistes et affamés à la vue d’un héritage, etc. Tout ceci est une prise d'Osage, qui ne dit pas son nom.

Tel qu'il a été montré dans le film, le coup de grâce lui est porté par des bras cassés, des repris de justice qui sont prêts à les éliminer pour quelques milliers de dollars.

À l’image de Ernest Buckhart lui-même, mais aussi Kelsie Morrison (Louis Cancelmi, Boardwalk Empire) ou encore de Bill Smith, qui passe d’épouse à épouse pour solidifier son compte en banque. Ce qui fait tout naturellement passer à ces autres pieds nickelés, inoffensifs cette fois-ci, de O'Brother.

Mais rien ni personne n’égale William Hale, qui à l’ombre tire les ficelles.

L'assassin n'est jamais bien loin. © Tous droits réservés
L'assassin n'est jamais bien loin.

FINI LE MYTHE DE L’INDIEN SAUVAGE

Dans Killers of the Flower Moon, finie la représentation erronée de « l’Indien sauvage ». Les Osage étaient si riches que des Blancs faisaient littéralement la queue pour travailler pour eux. Beaucoup d’entre eux deviennent ainsi leurs chauffeurs. C’est d’ailleurs comme ça que l’histoire entre Ernest et Mollie démarre. Il la conduit, elle le rabroue.

Mais entre le moment de leur rencontre et celui des premiers tumultes, il s’écoule beaucoup trop de temps.

Oui, Killers of the Flower Moon est long, beaucoup trop long.

Mais malgré tout Martin Scorcese a réussi à changer la dynamique narrative habituelle. En effet dans un western classique, ce sont les cow-boys versus les Indiens. Sauf que là, ce sont les Indiens qui sont abattus, dans le dos, assassinés froidement, empoisonnés au compte-gouttes à cause de leurs biens. Parfois même, ce sont de froides exécutions diurnes, déguisées en suicides.

Au moins 24 d’entre eux auraient ainsi été tués avant que l’ancêtre du Federal Bureau Of Investigation n’intervienne. Et dire que tout était là dès le début : « Patrimoine de sang pur. »

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