« The Killer », la remontada du pauvre
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible depuis sur Netflix, « The Killer » est un thriller extrêmement décevant signé David Fincher ; dans lequel un tueur à gages décide de se venger.

Netflix

« Allez ! Kylian ! », hurlent Bixente Lizarazu puis Grégoire Margotton quand Kylian Mbappé inscrit le but égalisateur face à l’Argentine (2-2) d’un certain Lionel Messi.

La suite, on la connaît. Au terme d'un match nul (3-3), les Argentins l’emportent aux tirs au but 4 à 2 et la série d’efforts fournis s’achève ainsi aux portes d’un exploit qui aurait redéfini à lui seul la définition du terme remontada.

Si on en croit Larousse, il s’agit d’une remontée au score inattendue permettant à l’équipe qui perd d’emporter la victoire dans un match de football, alors qu’il y avait un écart de points entre les deux équipes.

Une remontée spectaculaire pour traquer puis assassiner ceux qui ont voulu l’éliminer, c’est ce que The Killer (Michael Fassbender, vu notamment dans Inglorious Basterds) avait commencé avant de s’arrêter en si bon chemin. Par ici les détails, sur cette remontada du pauvre.

UN TIR 100 CONSÉQUENCES

Quartier Latin, Paris, Île-de-France. C’est dans la capitale française, et ces espaces verts en plein centre-ville, que The Killer opère sa mission : abattre l’ennemi qui se trouve en face d’une plaque ; qu’il occupe depuis un certain moment.

Et pour éviter de se faire remarquer, le méticuleux assassin obsédé par l'idée d'effacer ses traces, toutes ses traces, a opté pour la tenue du touriste allemand : lunettes de soleil noires, petit coupe-vent crème assorti avec son pantalon et ses chaussures gris pâle. Simple mais efficace.

Mais ni l’attirail, ni l’expérience ne lui suffiront pour réussir sa mission.

Après avoir manqué sa cible, The Killer est désormais dans le camp d’en face : celui des cibles. Le voici obligé de remonter lentement mais sûrement la piste des commanditaires qui lui veulent du mal. Et personne n’est épargné.

MICHAEL FASSBENDER EN BON TOURISTE ALLEMAND

Après avoir commandé trois verres, entraînant une réaction en chaîne sanguinolente, façon Quentin Tarantino, l’acteur germano-irlandais est encore une nouvelle fois dans la peau de l’Allemand de service.

Dans ces vêtements fonctionnels, il est tout simplement parfait dans la peau du touriste dont tout indique qu’il est capable de trouver tout seul comme un grand le magasin d’une célèbre marque française, et son damier facilement reconnaissable, situé en plein cœur des Champs-Élysées. Contrairement par exemple à des touristes japonais.

Et justement le fait qu’il ait réussi à se fondre dans la masse est l’une des rares sources de satisfaction, sinon la seule dans un océan d’insatisfactions.

« THE KILLER » OU LA REMONTADA DU PAUVRE

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Quand tu es sur le banc des remplaçants et que tu attends d'entrer en jeu.

Le problème quand on attend depuis longtemps un film parce qu’il est signé David Fincher à qui l’on doit notamment Seven et Fight Club, juste deux des meilleurs longs-métrages de tous les temps, qu'on surligne la date de sortie dès la mise en ligne de la bande-annonce, c’est qu’on a tout le loisir de se faire un…film.

Et c’est cette attente qui est dure à combler, voire impossible.

Ainsi lorsque The Killer débarque dans le cabinet du très grisonnant et très frais Hodges (Charles Parnell, vu cette année dans Mission : Impossible – Dead Reckoning, partie 1) son avocat/fournisseur de contrats, on se dit que c’est le début d’une longue série de meurtres justifiés par le fait qu’ils ont voulu le tuer mais il reste vivant.

Mais la fin du film sans explication sur le pourquoi du comment, après un peu moins de 2 heures de bavardages inutiles, de superbes plans matinaux parisiens, autre source de satisfaction d’ailleurs pour tout nostalgique, déçoit/frustre/énerve.

Même si David Fincher tenait apparemment absolument à adapter Le Tueur, roman graphique français de Luc Jacamont et Matz, a fait appel à Andrew Kevin Walker, son scénariste sur Seven, rien ne l’y obligeait à le faire finalement. Surtout pas comme ça, pas avec cette effroyable sensation d’avoir perdu du temps et de l’argent ; celui de l’abonnement à cette plate-forme qui déçoit chaque jour un peu plus.

Vivement que Netflix fasse elle aussi sa remontada comme le natif de Bondy poussé un soir de décembre 2022 à coups de : « Allez ! Kylian ! »

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