Une première pour le cinéma marocain. Avant les résultats du jury, Asmae El Moudir qui s’estimait heureuse d’avoir « déjà gagné avec son public », cependant, monter sur la première marche du podium serait pour les Marocains « remporter la première Coupe du monde ». Si jusque-là, aucun film marocain n’y était parvenu, en remportant avec "La mère de tous les mensonges" le Grand Prix "Etoile d'Or" au FIFM 2023, Asmae El Moudir est devenue la première réalisatrice marocaine à l’offrir au peuple et au cinéma marocain.
A l’âge de 11 ans, confiait-elle avant son sacre à l’Hebdo sur Radio 2M, lorsqu’elle regardait le Festival International du Film de Marrakech, Asmae El Moudir rêvait d’y être et pourquoi pas « avoir une place ». Cette place, la jeune femme devenue réalisatrice l’a fièrement gagnée – 20 ans après, offrant même au pays un Grand Prix qu’il n’avait jusque-là décroché.
En 96 minutes, Asmae El Moudir, à travers une enquête personnelle de près d’une dizaine d’années et à la rechercher de la vérité, explore dans « Kadib Abyad – La mère de tous les mensonges » pour parler des membres de sa famille. Au-delà de l’histoire personnelle, celle de sa famille, c’est la société marocaine qui y est embarquée et Asmae, voix off, [lui] raconte les émeutes du pain en 1981, au Maroc. Sans omettre ces ‘’années de plomb’’ (1970-1980) qui ont été marquées par la répression des opposants politiques sous le roi Hassan II.
Dans le film qui interroge la mémoire, la réalisatrice convainc sa grande mère – au risque de voir son histoire racontée par une actrice – de jouer son propre personnage. Un rôle qu’elle accepte. Par ailleurs, pour feuilleter ces pages du passé, faute d’images d’archives, la réalisatrice a conçu des figurines et filme une maquette de son quartier d’enfance, Casablanca. « Kadib Abyad – La mère de tous les mensonges » qui était au Festival de Cannes 2023, a remporté le Prix de la Mise en Scène dans la section Un Certain Regard.
En cette la 20ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), ce sont 75 films de 36 pays qui ont été diffusés. L'actrice et productrice américaine Jessica Chastain en était la présidente du jury.
Synopsis
Asmae, jeune réalisatrice marocaine, se rend chez ses parents à Casablanca pour les aider à déménager. Une fois dans la maison de son enfance, elle commence à trier ses vieilles affaires. Soudain, Asmae tombe sur une photo : des enfants qui sourient dans la cour d’une école maternelle. Presque hors-cadre se trouve une petite fille assise sur un banc, qui regarde timidement l’appareil-photo. Cette photo est l’unique image de son enfance, l’unique souvenir que sa mère a pu lui transmettre. Mais Asmae est convaincue qu’elle n’est pas l’enfant sur cette image. Dans le but de faire parler ses parents, Asmae introduit sa caméra et joue avec cet incident intime pour évoquer d’autres souvenirs auxquels elle ne croit pas non plus. Cette photo devient le point de départ d’une investigation durant laquelle la réalisatrice interroge tous les petits mensonges que lui a dit sa famille. Petit à petit, Asmae explore la mémoire de son quartier et de son pays. C’est avec un scénario très original que la réalisatrice Asmae El Moudir nous invite dans son film à faire mémoire, mêlant « l’histoire » de sa famille et « l’Histoire » du Maroc, au temps des années de plomb 1970-1980 marquées par la répression des opposants politiques sous le roi Hassan II.