« La cuisine c’est par-ci. », disent des agents immobiliers qui connaissent les coins et recoins de ces maisons sur le bout des doigts à force de les visiter. Aussitôt, ceux à qui ils la montrent comment à s’émerveiller, se projeter devant cette pièce de vie où des nouvelles recettes verront le jour.
Simples scènes de vie qui existent un peu/beaucoup/partout. Sauf dans The Kitchen, petit quartier londonien qui fait de la résistance. Plus de détails, par ici.
ET AU MILIEU, UN PETIT VILLAGE FAIT DE LA RÉSISTANCE
Dans The Kitchen, life is not Izi pour Kano alias Sully dans Top Boy.
Fini le trafic de drogue et la guerre avec son ex-meilleur ami Dushane (Ashley Walters), bonjour les pompes funèbres. Tous les jours, Izi traîne sa carcasse dans cette atmosphère morbide sans qu’il ne se passe réellement grand-chose. Jusqu’au jour où le travailleur solitaire rencontre un petit garçon devenu orphelin à la suite du décès de sa mère : Benji (Jedaiah Bannerman). Ensemble, ils essaient de survivre dans ces logements sociaux voués à disparaître et marquée par des tensions entre la police et une bande de jeunes menés par Staples (Hope Ikpoku, Aaron dans Top Boy) ; qui ont en marre d’être opprimés et étouffés par la puissance étatique et policière.
Et pendant ce temps-là, Izi lui rêve de s’en aller, d’échapper à toute cette misère. Mais chut, ça c’est un secret. Enfin, plus maintenant.
KANO RÉACTIVE LE MODE TAISEUX
La fin bâclée de Top Boy, Game of Thrones-esque même, aurait pu laisser penser qu’on ne reverrait plus, ni n’entendrait plus Kano. Le revoilà et qui plus est dans un rôle qui connaît bien celui du taiseux de service, le mec qui ne dit rien mais n’en passe pas moins, le dur-à-cuir sur feu doux, etc.
C’est peut-être la seule bonne nouvelle, avec l'ancien buteur des Gunners d'Arsenal, Ian Wright en voix des opprimés, d’un film qui passe finalement à côté de son propos.
UNE CUISINE FUTURISTE QUI MANQUE DE GOÛT
La hype autour de The Kitchen, premier film donc de l’acteur oscarisé Daniel Kaluuya, retombe vite comme un soufflé au fromage.
Aucun élément narratif sur comment ce quartier a été progressivement laissé à l’abandon. Aucun élément non plus sur l’histoire des différents personnages à commencer par Izi. Pourtant chaque fois, il lâche quelques menus détails sur sa vie, ou quand il hésite à passer un cap, améliorer la qualité de son logement minable, on s’attache à lui pour mieux se détacher dans la foulée. C’est extrêmement frustrant qu’il n’y ait aucun point de repère pour satisfaire la curiosité du spectateur.
De plus, le côté futuriste n’existe finalement que très peu. Hormis quelques accessoires et gadgets par-ci, par-là. On est à des années-lumière d’un Total Recall par exemple.
Le contraste entre pauvreté et richesse y est beaucoup plus saisissant que la tentative ratée, mal esquissée dans The Kitchen.
Tout ceci mis bout à bout donne envie d’arrêter le film à plusieurs reprises pour sortir et visiter une maison avec une cuisine digne de ce nom ; après avoir entendu : « La cuisine c’est par-ci. »