« Dune » pierre deux coups
Dozilet Kpolo
Dozilet Kpolo
Tueur en séries (Amazon, Apple, HBO, Netflix, etc.), Dozilet se fait aussi souvent des films pour pouvoir ensuite en parler.

Disponible dans les cinémas, Majestic, d’ici et d’ailleurs, « Dune : Part Two » est un extraordinaire et savant mélange qui ravit critiques et public.

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« Ce ne sont que des fragments. Rien n’est clair. », répond Paul Atreides (Timothée Chalamet, déjà à la conquête d’un trône dans Le Roi). C’est à Chani (Zendaya, Euphoria) que l’héritier de la famille décimée répond. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si au début de Dune : Part Two, Paul Atréides n’y voit rien, avec en plus tout ce sable qui l’entoure, ce n’est qu’une ruse pour mieux nous conserver dans l’obscurité et la pénombre avant que la vérité ne finisse littéralement par éclater. Plus de détails, par ici.

DUNE DE SABLES ET ÉPICE SAIT TOUT

Depuis que les Harkonen dirigés dans les airs par l’immense Baron volant (Stellan Skarsgård, Thor) et emmenés sur Terre par Beast Rabban (Dave Bautista, déjà gros bras dans Spectre) ont quasiment décimé toute la lignée de la Maison Atréides, Paul et Lady Jessica (Rebecca Ferguson, Mission: Impossible Rogue Nation), sa manipulatrice de mère/Bene Gesserit, évoluent avec les Fremen en général conduits par Stilgar (Javier Bardem, No Country For Old Men).

Dunes de sables et épice sait tout. Tel est le rythme monotone de Paul.

Mais ça, c'était avant que le duc n'apprenne à être un Fremen parmi les Fremen, sans pour autant multiplier leurs faits et gestes « empruntés » à la religion musulmane. Plus il passe les tests, plus la rumeur enfle : est si c’était vraiment lui le Prophète, la Voix d’Ailleurs, Lisan Al-Gaib ? La question est vite répondue pour tout le monde. Sauf Chani qui refuse de voir son peuple se raccrocher à cette légende.

Et pendant ce temps-là, au loin, à mesure que l’avènement du Messie, le vrai, pas celui qui marche sur les vertes floridiennes de Miami, tout de rose vêtu, les Harkonen, eux aussi, préparent leur champion : Feyd-Rautha (Austin Butler, Elvis) ; héritier psychotique et littéralement assoiffé de sang.

L’affrontement inévitable entre les deux jeunes hommes se dessine sous les vieux yeux craintifs de l’Empereur (Christopher Walken, papa de Leonardo DiCaprio dans Catch Me If You Can) et la Princesse Irulan (Florence Pugh, Oppenheimer). Le premier craignant le retour de bâton après ourdi puis béni le complot contre les Atréides.

Mais les porte-drapeaux de ces maisons ennemies ont bien plus en commun qu’ils ne croient.

CASTING DOUBLE

D’un côté, Timothée Chalamet/Zendaya, en symbole de la nouvelle génération avec Austin Butler/Florence Pugh en back-up, et de l’autre Christopher Walken/Charlotte Rampling en reine mère conspirationniste des Bene Gesserit, en vieilles figures parentales. Ce n’est qu’un petit exemple de la qualité de l’assemblage du casting de cet incroyable long-métrage réalisé par Denis Villeneuve. Et ce n’est pas la seule chose qu’il ait réussie.

« DUNE » PIERRE DEUX COUPS

Avant la franchise Dune, le réalisateur/scénariste avait déjà réalisé un chef d’œuvre : Incendies.

Une histoire familiale au retournement de situation vomitif. Mais ce n’est absolument rien comparé à Dune : Part Two. Autant le dire, tuer le suspense tout de suite c’est un chef d’œuvre.

Pas seulement à cause des jeux de lumière, obscure pour les Harkonen notamment la scène des gladiateurs drogués et livrés à Feyd-Rautha. Non si Dune : Part Two est un film à voir et surtout à revoir c’est surtout parce que Villeneuve a réussi le pari de mélanger des univers et/o personnages de la pop culture ; le tout en 166 minutes seulement.

Ainsi, Paul Atreides en humble protégé d’un fervent croyant Stilgar, prêt à se mettre à dos les siens, quand il ne propose pas carrément de donner sa vie, façon Néo et Morpheus. Coucou, Matrix.

Mais aussi, une épopée qui est loin d’être finie avec supplément ramifications familiales inattendues façon Dark Vador/Luke Skywalker.

C’est plus qu’un simple clin d’œil à ces deux films. Mais la force de Villeneuve c’est d’avoir réussi à mettre son style, et ses drames où il est souvent question d’identité notamment.

Que ce soit dans Sicario où Emily Blunt cherche sa place au milieu de ces hommes qui l’utilisent pour des raisons administratives.

Ou encore dans Enemy où Jake Gyllenhaal, bientôt à l’affiche dans Road House, voit sa vie bouleverser après la découverte de son sosie.

Là aussi, au milieu d’une atmosphère pesante, de multiples sources de tension et de plans géniaux ( spoiler: l’attaque sur l’armée de l’Empereur à dos de vers des sables), le fil conducteur c’est : l’identité de Paul ? Qui est-il ? Un duc qui va retourner à ses us et coutumes ? Un enfant bouffé par la vengeance à laquelle son père ne croyait pas ? Un demandeur d’asile qui attend le bon moment pour se barrer, retourner chez lui ; une fois sa revanche prise ? Tout ça et bien plus encore.

Pour cela, il vaut mieux le voir, mieux l’entendre dire : « Ce ne sont que des fragments. Rien n’est clair. » Pour y voir plus clair.

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