« L’amour rend fou ! », disent ceux qui ont perdu méninges et kilos après une violente rupture dévastatrice. Déjà que l’amour rend aveugle, faudrait savoir si au final le jeu en vaut la chandelle. Prochain thème du débat du repas familial.
Des repas familiaux, retourné chez ses parents à la suite d’un drame personnel, l’instable Leonard Kraditor (Joaquin Phoenix, inoubliable dans Gladiator) les a dégustés un à un. Alors quand pour la énième fois, ses parents en organisent un, ce grand enfant ignore que c’est le début des problèmes. Lumière/caméra/actions sur Two Lovers.
À BROOKLYN, L’AMOUR SE VIT À TROIS
Le cœur meurtri par des fiançailles rompues, le fragile Leonard vit entre le domicile et le pressing parental. Après des années de gestion bénéficiaires, Ruth (Isabella Rossellini, Enemy) et surtout Ruben (Moni Moshonov, La Nuit nous appartient déjà aux côtés de…Joaquin Phoenix) laissent la main à un entrepreneur Michael Cohen. Jusqu’ici rien d’intéressant sauf que le sieur, bon père de famille, de deux enfants, a une fille aînée, la prunelle de ses yeux, la douce et posée Sandra (Vinessa Shaw, 3 h10 pour Yuma). Ça sent la rencontre arrangée à des milliers de kilomètres. Malgré cela, le courant passe bien entre ces deux âmes sensibles à l’art. Mais une tempête prénommée Michelle (Gwyneth Paltrow, Marge dans Le Talentueux Mr Ripley) vient tout renverser ; emportant même le petit cœur fragile de Leonard qui résiste à cette Maîtresse d’un homme marié.
GWYNETH PALTROW ET JOAQUIN PHOENIX, TOUT POUR NOUS (DÉ) PLAIRE
En jouant respectivement Michelle et Leonard, Gwyneth Paltrow et Joaquin Phoenix ont sans le savoir jeter les solides bases d’une relation toxique sur laquelle d’autres se sont ensuite appuyé pour pousser le bouchon toujours plus loin. Standing ovation.
Et ce n’est pas la seule raison pour laquelle Two Lovers est un film remarquable au sens propre comme au figuré.
« TWO LOVERS », JAMES GRAY RÉUSSIT UN BON PLAN À TROIS
Avant Two Lovers, sorti en 2008, James Gray avait particulièrement bien réalisé :
- The Yards, déjà ménage à trois entre Charlize Theron/Joaquin Phoenix/Mark Walhberg,
- mais aussi, We Own the Night, histoire d’une fratrie de policiers finalement sauvée par le mouton noir, Joaquin Phoenix encore. Cette fois-ci en couple avec Eva Mendes.
Sa capacité à raconter les histoires de ces personnes dont le crâne semble avoir été décalotté par les coups de la vie, il l’avait déjà montrée. Cette fois-ci, on quitte le registre du crime pour celui de l’amour.
Leonard aime d’abord Sarah puis Michelle. La première symbolise l’amour calme et paisible ; option maison avec jardin et petit chien. Tandis que la seconde elle est la quintessence de l’amour violent et dévastateur, celui après lequel on n’a plus que ses yeux pour pleurer. Ou encore : les histoires d’amour finissent en général.
Et celle de Leonard finit mal spoiler: dans une allée au pied du bâtiment, dans la cour où les deux âmes en peine et en quête d’amour s’apprêtent à tout quitter. Lui, sa famille, sans un mot et elle, son amant, sans ses maux de tête.
C’est l’une des plus belles et horribles scènes d’amour – si on peut l’appeler ainsi. Parce qu’elle est brutalement vrai, parce qu’elle nous, vous rappelle que : « L’amour rend fou ! » spoiler: Heureusement qu’avec le peu de jugeote qui lui reste, Leonard plus vaincu que Vinci choisit Sarah ; future Madame Kraditor.