« Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire les grimaces. », paraît-il. Chimpanzé, gorille, mais aussi orang-outan, etc. Personne n’est allé sur La Planète des Singes pour vérifier la véracité de la maxime. Personne même pas Kaaris et ces singes qui viennent de sortir du Zoo.
Alors quand un jeune homme se lance dans l’auto-entreprenariat et monte ainsi son entreprise de destruction de policiers corrompus et/ou personnalités publiques, la bénédiction du Dieu-singe Hanuman, forcément ça devient intéressant. Plus de détails, par ici sur l’un des meilleurs films de l’année.
UN INDIEN DANS LA VILLE
Depuis que sa mère a été assassinée sous ses yeux, avec ses petites mains sur sa bouche pour étouffer ses cris, Kid (Dev Patel, vu notamment dans Slumdog Millionaire ou encore The Newsroom) n’a qu’une seule et unique obsession : tuer tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la mort de sa daronne. Œil pour œil, dent pour dent.
Alors quand il monte sur Yatana – ville fictive - pour enchaîner les petits boulots et gravir les échelons en même temps, il y pense déjà. Sauf que mal entraîné, isolé et surtout mal préparé, il prend une raclée monumentale avant de battre en retraite.
Réfugié parmi des Dalits, des Intouchables, il reprend progressivement des forces, apprend à se battre et à avoir confiance en lui au point de ressembler à un certain John Wick. Le voici de retour dans la ville.
DEV PATEL EST AU-DESSUS
Pour son premier film pour lequel il a donné de sa personne avec ces multiples fractures, Dev Patel a naturellement volé la vedette aux autres acteurs.
Que ce soit le trublion Alphonso (Pitobash, vu notamment dans la comédie Disney-esque : Million Dollar Arm), le véreux promoteur de box Tiger (Sharlto Copley, District 9) ou encore Rana (Sikandar Khor), etc. Il est au-dessus du lot.
Et ce n’est pas la seule chose qu’on remarque à propos de Monkey Man.
NOT JOHN WICK QUI COMMET UN NOUVEAU DEHLI
« C’est le John Wick de New Dehli ! », nous avait assuré ce cinéphile qui était allé le voir alors que nous, nous hésitions encore un peu/beaucoup/patiemment.
Autant tuer le suspense tout de suite : Monkey Man fait obligatoirement et naturellement penser à John Wick. Mais à la différence du célèbre porte-flingue de la pègre qui reprend du service quand un enfant pourri gâté a le malheur de tuer son chien, après avoir volé sa voiture, Kid appartient à la caste inférieure : celle des Intouchables donc. D’ailleurs le fait qu’il n’est pas de nom contribue à nier même son existence, son identité comme s’il n’existait que par les autres.
Et c’est devenant le bras armé de la justice, des sans-voix qu’il a une identité : celle du jeune singe qui apprit à faire la grimace. À commencer par le ring qui sent la transpiration et la haine d’un public qui s’en prend d’abord à ce jeune homme chétif.
De par cette violence, ce sang qui gicle régulièrement de corps poignardés, démembrés, Monkey Man fait aussi penser à Only God Forgives. Ou la mission-suicide d’un étranger dont le frère a été assassiné par la police thaïlandaise avec à sa tête un drôle de chef taiseux.
Au-delà de la ressemblance sanglante, il y a certainement cette quête de vengeance où au final il n’y a que Dieu qui pardonne.
Kid lui ne pardonne pas. Et pourtant c’est quand il finit par faire la paix avec lui-même que l’enfant en souffrance devient l’adulte dangereux.
Monkey Man est bien plus qu’un film d’action : c’est une histoire d’ascension sociale obtenue par le sang. Ce n’est pas la dernière scène symbole de cette ascension réussie qui prouvera le contraire. Et dire que ce film de 2h 1min, qui devait sortir sur Netflix avant que ce ne soit finalement Jordan Peel qui le produise, aurait pu ne pas voir le jour avec toutes ces galères que Dev Patel a rencontrées ; particulièrement cette fracture de la main qui lui faisait tirer la langue.
Mais ça c’était avant que le jeune singe n’apprenne à faire des grimaces.