« Il est fâché en colère, hein. », dit-on familièrement en Côte d’Ivoire quand quelqu’un a réussi un exploit. Ou était tout simplement furieux pour une raison ou une autre. C’est selon le contexte.
Fâché en colère, Jason Statham l’a été. Par ici, les traces de sa colère froide.
UNE SORTIE FAMILIALE QUI VIRE AU DRAME
Los Angeles, Californie. Un jour comme un autre pour H (Jason Statham, vu récemment dans The Beekeeper) qui part acheter deux burritos.
Et pendant ce temps-là, écouteurs vissés sur les oreilles, son fils écoute la musique et n’entend pas le grabuge causé par un braquage en cours.
Jusqu’à ce qu’on le somme de descendre du véhicule. Revenant les bras chargés, H aperçoit un individu braquant son fusil à plomb sur sa progéniture, face contre terre. Son sang ne fait qu’un tour, le voilà qui jetant la commande file à 300 à l’heure. Trop tard. Le bandit en question exécute son enfant avant de le laisser pour mort.
Revenu d’entre les morts, le père meurtri décide d’employer son énergie à trouver cette bande. Et son enquête le mène tout droit dans une société de transport de fonds avec une belle brochette de personnages qui s’affublent de surnoms plutôt que d’utiliser leur nom.
Du vieux sage Bullet (Holt McCallany, brillant dans Mindhunter que Netflix n’aurait jamais dû arrêter) au joli cœur Boy Sweat Dave (Josh Hartnett, bientôt à l’affiche dans Trap de Night Shyamalan) en passant par le musculeux Hollow Bob, tous transportent des sommes qui peuvent parfois faire tourner la tête.
Alors, H les surveille un à un.
JASON STATHAM, FIDÈLE À LUI-MÊME
C’est un Jason Statham fidèle à lui-même, encore dans la peau d’un mutique personnage mystérieux qui résout souvent les problèmes par la force.
Alors d’où vient l’intérêt de regarder Un homme en colère ?
« UN HOMME EN COLÈRE », AU NOM DU PÈRE ENDEUILLÉ
Qu’elle soit naturelle dans Homefront, où un ex-agent de la DEA devenu bon père de famille défend sa fille victime de brimades avant qu’un narcotrafiquant s’en mêle, ou encore de substitution dans Le Transporteur 2, la figure paternelle forte, il l’a déjà interprétée.
Cette fois-ci, c’est dans un autre registre : celui de père endeuillé/enquêteur criminel.
Ensevelie sous une couche de masculinité toxique, parce que « Garçon pleure pas », elle-même, cette couche, protégée par des muscles saillants qu’un corps abonné à la salle, sa grande douleur est muette.
L’autre intérêt, c’est aussi cette atmosphère sombre, sorte de pluie qui menace, menace, menace sans jamais tomber, qui plane au-dessus de lui tout au long du film. Ça a pour effet de créer une tension qu’il est difficile d’ignorer et qui tend n’importe quel situation.
L’esprit en alerte, on le suit dans sa traque en pensant que chaque situation, même l’achat de plats-à-emporter, peut dégénérer complètement.
Et enfin, last but not least, le réalisateur de ce film d’action qui dure 1h59 n’est autre que le père des embrouilles, des histoires enchevêtrées, avec des gangsters de toutes les espèces : Guy Ritchie.
Pas d’imbroglio permanent comme dans Snatch, dans lequel Statham donne la réplique entre autres à un drôle de boxeur qui baragouine des choses que personne ne comprend. Pas même Google Translate.
Non pas de ça. Juste une ligne directrice avec un gentil petit plot twist vers la fin en guise de cerise sur le gâteau ; disponible dans le catalogue de Prime Video.
À croire que lui aussi était « fâché en colère hein ».