Speak No Evil est un film américain réalisé par James Watkins et sorti en 2024. Il s'agit du remake du film danois du même titre, sorti en 2022.
Ne dis rien
Après Imaginary, Night Swim , L’I.A. du mal, le studio Blumhouse en est déjà à son quatrième film cette année. Mieux réussi que les précédents films Speak No Evil revient aux fondamentaux du film d'épouvante.
Synopsis
Les Dalton, une famille d'américains, se rendent dans la maison d'une famille britannique qu'ils ont rencontré durant les vacances. Mais ce week-end familial va finalement virer au cauchemar.
Chut!!!
Dans cette nouvelle version de Speak No Evil (2022), coriace film d’épouvante psychologique danois. Les deux couples qui se rencontrent en Italie ne sont ici plus néerlandais et danois mais américains et anglais, partageant donc une langue qu’ils comprennent pleinement. Le malaise laisse ainsi peu de place au doute lorsque les premiers rendent visite aux seconds dans leur campagne britannique. Manières, hygiène, philosophie, rien ne colle… Et qu’en est-il de ce petit garçon qui ne parle pas ? Sans trop en dire, cette douillette itération étasunienne écarte méthodiquement les aspects les plus malsains du scénario originel. Jusqu’à réécrire une bonne partie de l’histoire. La combine n’est pas nouvelle et peut s’avérer plus que payante. On se souvient du carton des remakes estampillés J-Horror dans les années 2000, comme Ring, The Grudge ou dans une moindre mesure Dark Water. Dans cette version US, Louise et Ben Dalton en crise au terme de plusieurs mois d’abstinence sexuelle, trouvent dans la compagnie de Paddy et de Ciara un couple rencontré lors de vacances en Italie, un reflet inversé de leur mariage déliquescent. Bobo roulant en Tesla électrique et marié à une épouse infidèle, Ben constitue un archétype assez facile de petit-bourgeois urbain, confronté au retour du refoulé incarné par des néo-ruraux brutaux et hypersexués, épris de chasse et de survivalisme. Derrière sa facture générique de film d’horreur psychologique, Speak No Evil, dernière production Blumhouse se donne ainsi les atours d’une réflexion critique sur les pièges de la masculinité.
Le diable chevillé au corps
Il n’y a pas de croque-mitaine dans Speak No Evil de James Watkins. C’est pourtant, et tel que le laisse présager le logo de l’usine Blumhouse qui introduit son générique, un film d’épouvante, une accrétion phénoménale de tension, un ride résolument éprouvant. Mais si la menace existentielle finit par s’incarner, le ressort de la terreur est sans visage à proprement parler : elle est l’Autre, qui vit tout près et si loin, avec lequel on sait qu’on ne fraiera jamais. L’autre qu’on souhaite secrètement devenir en même temps qu’on se félicite d’être devenu son opposé. Celui qu’on envie pour sa liberté tout en s’horrifiant du chaos qu’il cause en l’exerçant. Le scélérat qui s’autorise à embrasser ses pires instincts et les pires idéologies, celles du côté de l’égoïsme, de la mort et de la cupidité. Un démon si l’on tient à ce champ sémantique, mais pas de ceux surnaturels qui s’échappent des entrailles de la terre pour venir nous corrompre, plutôt de ceux qui habitent nos sociétés et s’activent à nous dominer, nous bouffer, nous écrabouiller.
Speak no Evil est à découvrir dès le 20 septembre dans les salles du Majestic Cinema.